Au vide-grenier de sa petite rue, Monsieur Wilson a vendu avec succès une somme de souvenirs. Il n’a plus rien pour évoquer sa femme et parler à sa petite-fille de sa grand-mère qu’elle n’a pas connue, sauf peut-être une robe …

À l’heure du jetable, du snapchat fugace, du fast food et de la disparition progressive des discussions intergénérationnelles, j’ai voulu montrer à mes élèves de 6e 1 et 6e 2 que les objets sont porteurs de souvenirs, et que les souvenirs, cela aide à vivre, à échanger… Les souvenirs se conservent, s’entretiennent, se racontent et créent du lien.

Ainsi, chaque élève est allé interroger un membre de son entourage, lui a demandé de choisir un objet auquel il tenait et pourquoi il voulait le transmettre. Nous avons alors fabriqué notre album… en souvenir de cette année passée ensemble.

Un grand merci à Michèle Aluze-Bourgeois, responsable du secteur jeunesse de la bibliothèque d’Autun, qui nous a soufflé l’idée de la collecte d’objets-souvenir, inspirée sans doute par l’album La vie des gens (1, 2, 3, albums 8) et à Paul Andali pour la conception graphique du livret avec 41 témoignages dont 5 sont partagés ci-dessous. (Cliquez au centre pour mettre en pleine page et lire les textes)
Julie ANDALI, professeur de lettres, collège la Châtaigneraie, Autun (71)

Comme annoncé en avril sur le blog, les jeunes voyageurs polynésiens du collège Afareaitu à Moorea ont partagé le souvenir d’une émotion.
Fabienne Bourjon, leur documentaliste, a mis leurs textes courts en réseau avec Thinglink : un logiciel en ligne qui permet de créer des liens hypertextes.
A vous de vous promener dans l’un ou l’autre de leurs labyrinthes.

(Un premier clic vous permettra d’avoir accès aux labyrinthes entiers puis vous pourrez découvrir avec les étoiles et les petits cercles rouges les souvenirs des enfants tahitiens)

 

 

 

 

 

Une somme de souvenirs m’a semblé une bonne occasion de stimuler et plus encore valoriser ce qui fait défaut aux anciens : la mémoire.

J’ai consacré cinq séances à cet album avec des personnes qui résident chez eux ou en collectivité, fréquentent le club du 3e âge « Le tambour d’argent » à Sens, plusieurs ayant des troubles cognitifs ou les premiers signes de perte d’autonomie.

Séance 1 : lecture de l’album et explication de l’aspect imaginaire qui n’a pas été immédiatement saisi.

Séances 2 et 3 : recueils de souvenirs intimes. Exemples : La paire de bottes achetée avec le premier salaire mais choppée par la mère / L’apprentissage de la couture / Les étés sans un seul jour de vacances / Le certificat d’études en 1940 et l’entrée à la biscuiterie Beuffe / Une vision époustouflante sur la chaîne des Pyrénées qui augurera de nombreux voyages…

 

 

 

 

 

Séances 4 et 5 : explication et réalisation des boîtes à souvenirs (boîte bicolore avec un indice visuel et textuel du souvenir tapuscrit à l’intérieur) avec rappel à chaque séance de ce que c’est 1, 2, 3 albums !

Voilà comment des souvenirs, insignifiants aux yeux des autres, ont pris  une valeur inestimable. En exposant les boîtes à la médiathèque de Sens, on a décidé d’inviter les visiteurs et admirateurs potentiels à glisser un souvenir dans une urne.

Cédrick NOE, animateur

Quelques nouvelles d’1, 2, 3 albums à l’autre bout du monde.

Nos élèves ont eu la présentation des livres au mois de février.
1/ Depuis, ils lisent les albums au CDI, une heure tous les quinze jours. Cette heure de lecture encadrée, à laquelle ils ne sont pas réfractaires, est la seule façon de s’assurer de leur participation au projet.
2/ J’ai fait la lecture épicée d’Une somme de souvenir.
3/ J’ai choisi trois illustrations du Labyrinthe de l’âme que nous avons décortiquées ensemble, dont celle de la colère particulièrement riche.
4/ J’ai sélectionné des sentiments illustrés dans le livre et ai écrit leurs noms au tableau. Après explication et analyse en groupe, chacun a été invité à partager un souvenir en lien avec un de ces sentiments.
5 / Une fois terminée la rédaction des souvenirs, nous les partagerons en utilisant un logiciel qui permet la création de liens hypertextes sur une image.

Fabienne Bourjon, professeur documentaliste au collège Afareaitu/ Moorea/ Polynésie

Le très beau texte de Thomas Scotto Une somme de souvenirs suscite immanquablement l’envie d’en partager. Dans le cas d’une rencontre-lecture intergénérationnelle comme nous les animons au collège de Talant (21) avec les seniors volontaires de la ville, les échanges de souvenirs seraient d’autant plus riches que chaque participant y aurait réfléchi avant.

Pour ce faire, chaque élève a préparé une carte souvenir formulée à partir d’une trame commune : Quand je ferme les yeux, je vois … je ressens … j’entends.  Le texte écrit au verso d’une carte format A5 est illustrée au recto d’un visuel noir & blanc différent selon la classe voyageuse.

Exemples : La forêt (visuel ci-contre cliquable pour agrandir)

et le chat (texte de Noha ci-dessous)
Quand je ferme les yeux, je vois encore sa petite bouille avec ses petites moustaches. Je ressens encore sa présence à certains moments. J’entends encore ses ronronnements quand je le caressais. Je regrette d’avoir perdu mon chat, il me manque beaucoup. Il s’appelait Cannelle.

Les seniors ont apporté une photo ou un objet, souvent d’un autre temps, et partagé le souvenir qui lui correspondait.

Exemple 1 : Une bougie par Mme Ta Kim
Simone, la dame du 5e. Quand j’étais plus jeune j’avais une voisine au 5e étage, une vieille dame très distinguée que j’admirais beaucoup. Elle était pauvre quand elle était petite, mais elle a fait ensuite de grandes études. Elle avait grand coeur, elle avait le souci des autres, elle était très généreuse. Elle lisait tous les jours les journaux, écrivait aux hommes politiques pour changer le monde et tous lui répondaient. Elles faisaient des dossiers pour les voisins sur tous les sujets qui nous intéressaient. Un jour je l’ai aidée et elle m’a offert une belle bougie. Je suis heureuse d’avoir gardé cette bougie, ainsi je repense à Simone.

Exemple 2 : Le tablier de Madame Valcin
Ma grand-mère portait un tablier pour protéger des vêtements moins faciles à laver que ceux d’aujourd’hui. Il lui servait aussi de gant pour retirer un plan du four, de panier pour ramasser des légumes au potager, de soufflet pour ranimer le feu.

Conclusion :  la lecture épicée a cette magie de percevoir le sens profond. Partagée, elle offre de magnifiques moments, des regards attentifs, beaucoup d’émotions. Les collègues sont conquis.
On programme un vide grenier de souvenirs à la « Porte ouverte » du collège le 5 avril !

Sylvie Merabti, professeur-documentaliste au collège de Talant (21) et ses collègues enthousiastes.

Nous, l’équipe de français et l’équipe de la médiathèque de l’ESPE Yonne, avons organisé mercredi 6 mars, un apéritif littéraire qui a beaucoup plu aux participants : futurs professeurs des écoles, enseignants et collègues formateurs du 1er degré. L’invitation à cet apéritif était imprécise à dessein. Nous avions simplement évoqué la présentation d’albums et le partage de quelques gourmandises. En découvrant les pupitres, certains ont presque cru à une conférence ! Au menu, 2 lectures épicées : Un air de liberté à Congo Square et Une Somme de souvenirs.

Après la première lecture, un peu de surprise, beaucoup de plaisir et de nombreuses questions sur l’opération 1,2,3 albums. Tous les albums étaient exposés sur une table : entre les deux lectures épicées, les participants ont pu boire, grignoter et feuilleter les albums.


Une Somme de souvenirs a permis d’intégrer le public dans la lecture. Tout le monde s’est prêté à l’exercice avec plaisir. Certain(e)s ont profité des petits cartons mis à disposition pour écrire leur propre souvenir, que nous avons ajouté à « l’arbre aux souvenirs ». D’autres nous ont confié avoir trouvé dans les lectures des idées pour leurs propres scénarios pédagogiques ; les enseignantes d’histoire ont été particulièrement intéressées par Congo Square.

Un moment convivial et sympathique que nous renouvellerons au moment du vote en essayant d’associer des étudiant(e)s volontaires à d’autres lectures épicées.

En attendant, un coin lecture confortable a été installé à la médiathèque pour permettre à tous les lecteurs de découvrir les albums. Et dans le cadre d’un module de français, 2 groupes d’étudiants, absents lors de l’apéritif ont à leur tour découvert et mis en œuvre les lectures épicées de Congo Square et Une Somme de souvenirs pour leurs camarades.

Caroline Raulet-Marcel, enseignante à L’Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education – Auxerre (89) 

L’été dernier, sitôt que j’ai eu commencé de lire à voix haute Une somme de souvenirs à ma mère nonagénaire, elle m’a dit : « Ne me montre pas les images tout de suite, c’est formidable, je vois chaque scène ».

Effectivement, l’auteur nous offre un récit imagé qui se suffit à lui-même sauf que pour certains publics non acquis à la lecture, le temps d’écoute semblera long. Pour maintenir l’attention, j’ai imaginé des rôles tenus par des personnes du public : un interviewer qui interpelle le narrateur et des lecteurs pour lire les souvenirs de Monsieur Wilson, tels que les clients les ont découverts à la braderie de la rue Little.

La chance a voulu qu’en tournant la scène aux ateliers Lelouch à Beaune avec deux apprentis, il y avait ce jour-là trois stagiaires, Benjamin, John et Floriane et que Zihan, élève de CM2 à Beaune était disponible. Dommage qu’on n’ait pas eu comme à Givry (71), une candidate de 9 ans pour jouer la petite fille de Mr Wilson car de profil il est impossible de me faire passer pour une enfant que je ne suis plus depuis si longtemps, encore qu’à se nourrir de littérature-jeunesse (mais pas que !) on reste jeune !
Véronique M Lombard