Pas un jour sans qu’un animateur d’1, 2, 3 albums nous demande un document qu’il a perdu, pas reçu, pas trouvé !  Pour mémoire, voilà la liste des outils fournis par Livralire pour présenter les albums, les lire et les faire lire :

– le kit de la scénographie avec textes, visuels, bande son, fiche technique (docs & scéno-6 mails)
– les textes intégraux des albums avec des modèles d’invitation  (échos 3)
8 lectures épicées (textes et visuels) diffusées moitié en décembre, moitié en janvier (échos 4 et 6)
– des idées de carnets de voyage (échos 7)
Et le lien vers le film complet de la scénographie (échos 2)

Les établissements qui ont des bibliothécaires pour partenaires se reposent beaucoup sur elles et n’ont pas nécessairement besoin de tous les fichiers envoyés. Sauf que les textes bruts, les idées de carnets de lecture, ç’est utile à tous comme d’autres informations ou idées qui suivront d’ici juin. A chaque partenaire de veiller à ce qu’elles circulent et soient lues par ceux qu’il a embarqués dans 1, 2, 3 albums.

A la bibliothèque de Déols (36), comme l’an passé à pareille époque, nous avons surpris les participants du café-lecture en leur présentant la scénographie.

Seize personnes sont présentes, la plupart fidèles au rendez-vous bimestriel, dont deux jeunes femmes que nous cooptons pour faire les voix dans la salle. On sent le public intéressé et curieux : les devinettes fonctionnent bien, la scénographie est suivie avec attention.

Les compliments tombent : « il faudrait en faire plus souvent ». L’appétit est ouvert : tous les albums sont empruntés dans la foulée, certains réservés ! Les deux jeunes femmes sont ravies d’avoir participé, l’une d’elle me propose de recommencer une prochaine fois, même avec plus de texte. Je la sens contente d’avoir participé, curieusement bien au-delà du fait d’avoir rendu service, elle est enthousiaste, flattée, et pour un peu, je pense que nous pourrions lui proposer de jouer la scéno ! Une dame plus âgée est heureuse qu’on lui présente des livres illustrés qu’elle n’irait pas choisir toute seule.

Aux collègues d’autres bibliothèques sceptiques sur l’intérêt d’1, 2, 3 albums pour les adultes, nous voulons dire que ces albums grand large touchent tous les publics : lecteurs d’essai, de romans du terroir, de séries, de BD, etc. Notre rôle est de faire découvrir des livres, des films, des musiques que le public ne trouvera pas toujours tout seul, à la différence des lectures très demandées, qu’il faut avoir, mais qui trouvent leur chemin toutes seules.

Nous nous devons d’éveiller la curiosité. A chacun de trouver les occasions. En plus du collège, de la maison des enfants, nous ferons des « lectures épicées » aux dames du club tricot–crochet qui ne lisent pas mais adorent qu’on leur lise des histoires !

On doit ce succès à la Bibliothèque départementale de l’Indre qui finance  ce voyage-lecture intergénérationnel et à Livralire qui nous fournit du cousu-main impeccable.

Véronique Lottaz,  bibliothécaire responsable de la bibliothèque municipale Eugène Hubert

Début janvier, j’ai reçu un mail d’une certaine Anne-Claire qui cherchait un album, lu il y a une dizaine d’années dans le cadre d’1, 2, 3 albums. Indices : jeune femme, poterie,  Birmanie. Il s’agissait de Princesse Laque (Syros), album qui faisait partie de la sélection en 2008. Comme je lui communiquais le titre, malheureusement épuisé, cette  jeune femme, comptable et grande lectrice, de me raconter : 

«  En faisant une énième tentative de rangement de ma bibliothèque, je suis tombée sur un livre que j’avais découvert au CDI et que j’avais acheté après la rencontre avec l’auteur. J’ai eu alors envie de rechercher les titres des livres que j’avais lus au collège Saint Dominique (Chalon-sur-Saône). De tous les albums que j’ai lus pour 1, 2, 3 albums (et je les lisais tous, y compris ceux qui ne me tentaient pas beaucoup) Princesse laque est celui qui m’a le plus marquée. C’était un des premiers livres que je lisais qui se déroulait en Asie, et je me souviens d’avoir demandé à ma mère beaucoup d’explications sur le contexte. L’Asie continue de m’attirer même si je centre plus mes lectures sur le Japon et la Chine et je pense que cet album et ses illustrations ont participé à mon attrait pour ce continent.

D’1, 2, 3 albums,  je garde le souvenir d’une de mes amies qui n’aimait pas lire et qui pourtant était enthousiasmée par certains albums. De plus à l’époque, j’étais très romans et je ne lisais peu ou pas d’albums. Ce projet a été l’occasion de découvrir ce genre littéraire. Aujourd’hui ma préférence va toujours aux romans, mais j’aime rechercher de belles éditions illustrées et tous ces souvenirs m’ont donné envie de redécouvrir les albums lus à l’époque et d’en découvrir de nouveaux. Merci encore pour cette magnifique aventure qu’a été 1, 2, 3, albums ! »

Ce témoignage vaut bien un album. Notre exemplaire Princesse Laque va partir chez Anne-Claire.
VML

Face à la colère de 30 000 pétitionnaires et aux interventions de plusieurs personnalités, la SCELF (Société Civile des Éditeurs de Langue Française) a fait marche arrière.

Les lectures qui s’effectuent dans un cadre non marchand continueront à être libres  jusqu’en 2023 ! La mesure impliquant déclaration préalable et taxe est suspendue pour 5 ans.  Pourquoi pas définitivement ?

Lisons à voix haute plus encore qu’avant et restons vigilants ensemble.
VML

Livralire, association spécialisée depuis 30 ans dans l’organisation de dégustalivres, créée  pour chaque album choisi pour 1, 2, 3 albums une lecture « épicée », c’est-à-dire une lecture à voix haute participative et dynamique, partielle ou totale, brute ou mise en scène.

Or voilà que la SCELF, Société Civile des Editeurs de Langue Française, veut taxer les bibliothèques qui s’en empareraient et exige qu’une demande d’autorisation soit faite au moins trois mois à l’avance ! La taxe toucherait toutes les lectures publiques, même sans billetterie, à hauteur de 30 € HT minimum.

Persévérer dans cette voie reviendrait à condamner les lectures épicées non seulement dans les bibliothèques mais aussi probablement dans toutes les structures dans lesquelles le voyage lecture est proposé : prison, accueil de jour, hôpital, Ehpad, maison de quartier, écoles, collèges, lycées…

Persévérer dans cette voie serait dissuasif pour les organisateurs et reviendrait donc à priver des milliers d’enfants et d’adultes éloignés de la littérature de cette transmission orale et visuelle finement préparée, qui :
– aide à faire sens
– fait goûter la langue
– apporte évasion, poésie, émotion
– pose des questions sur le monde
– appelle des souvenirs et libère la parole
– crée et nourrit des échanges

Sans compter que dans 1, 2, 3 albums, après avoir entendu et lu les textes, les voyageurs les colportent à d’autres par lecture à voix haute : des jeunes aux aînés et inversement, des patients d’un service à ceux d’un autre service, des élèves à d’autres ou même à des profs, des apprenants adultes au grand public à la médiathèque, etc… Ces lectures solidaires vont-elles également disparaître ?

Dans un pays où le premier ministre, le ministre de l’éducation et la ministre de la culture affichent publiquement, chacun à leur façon, leur soutien à la lecture et en font une priorité, osons espérer que l’intelligence va l’emporter sur l’argent et qu’on pourra continuer à lire à voix haute librement et partout dans la ville. Souhaitons également que la mobilisation des auteurs, bibliothécaires, enseignants, lecteurs bénévoles, simples amateurs de lecture ou parents d’enfants porte ses fruits.

Et une fois la menace éloignée, formulons le vœu que la pratique de lecture partagée s’intensifie, notamment en secteur adulte des bibliothèques.  « Les livres, c’est formidable. Mais ce qui compte, c’est la lecture »*. Pour cela, il faudra développer une vraie politique de lecture publique avec, plus que l’accès aux livres, l’accès aux textes, individuellement et surtout collectivement et à voix haute ! Il y a urgence ! Comme le montrent les derniers chiffres de l’édition, les ventes de littérature sont en baisse** !

Véronique  Marie Lombard

* Edouard Philippe : Des hommes lisent – JC Lattès, 2017  (page 81)
**  L’édition en 2017, coup de roulis, Le Monde des livres, 11 janvier 2017

Pour s’informer, plusieurs articles sur ActuaLitté.
Pour dire son attachement à la lecture à voix haute, libre et gratuite : une pétition, Shéhérazade en colère !

Pour faciliter les lectures en groupe et à voix haute, Livralire crée pour chaque album une lecture « épicée », dynamique et participative. Celles de Naya, Nos plus grands rêves, L’incroyable histoire de l’orchestre recyclé et Bonnes nouvelles du monde, ont été envoyées aux animateurs et animatrices d’1, 2, 3 albums, le mercredi  20 décembre. Les 4 autres suivront en janvier 2018.
A chacun de lire, d’interpréter et d’adapter la fiche technique, de s’exercer avec des collègues puis, le temps des lectures, d’associer des personnes du public pour les voix secondaires.

Véronique Lombard animera 3 ateliers où s’exercer :
– celui du 1er février 2018 à Mâcon est complet.
– celui financé par le département de Côte d’Or (le 26 janvier à Longvic-21) affiche complet si tous les pré inscrits confirment leur participation.
– La Bibliothèque Départementale de l’Yonne offre et organise pour la première année cette journée : le jeudi 25 janvier de 9h à 17h à Migennes (89). Renseignements et contact :  marlene.francois[at]yonne.fr
Cet atelier est réservé aux voyageurs de l’Yonne.