• Conficarte 2 - Livralire - 71
  • Conficarte 3 - Marie-Christine - 71
  • Conficarte 4 - Sylvie G. - 21
  • Conficarte 5 - Véronique - 36
  • Conficarte 6 - Christelle G. - 71
  • Conficarte 7 - Sylvie M. - 21
  • Conficarte 8 - Pascale G. - 71
  • Conficarte 9 - Clotilde - 71
  • Conficarte 10 - Sophie et sa fille Jeanne - 21
  • Conficarte 11 - Annie V. - 71
  • Conficarte 12 - Fabienne et sa fille Léa - Polynésie
  • Conficarte 13 - Kawthar - 21
  • Conficarte 14 - Nathalie et Maëlle - 21
  • Conficarte 15 - Elisabeth - 71
  • Conficarte 16 - Sabrina - 21
  • Conficarte 17 - Marlène - 89
  • Conficarte 18 - Annie M. - 71
  • Conficarte 19 - Fanny M. - 71
  • Conficarte 20 - Dominique - 71
  • Conficarte 21 - Maélie et Rozenn - 21
  • Conficarte 22 - Véronique - 71
  • Conficarte 23 - Marie France - 71
  • Conficarte 25 - Sophie - 21
  • Conficarte 26 - Natacha - 71
  • Conficarte 27 - Chantal - 01
  • Conficarte 28 - Corinne - 21
  • Conficarte 29 - Réouverture des librairies
  • Conficarte 30 - Emilie - 01
  • Conficarte 31 - Annie et Emmanuel - 71
  • Conficarte 32 - Anne Cécile - 01
  • Conficarte 33 - Zihan - 21
  • Conficarte 34 - Anne - 71
  • Conficarte 35 - Sylvie - 21

Fifamé avait chez elle un pèse-personne. Elle le prêtait à Adjoa et ses petites amies du village qui jouaient régulièrement à « Combien tu portes » ?  On faisait une nouvelle coiffure à la gagnante.

Anaïs, enseignante à Albi, a lancé le défi à son petit groupe d’élèves de l’IME Saint Jean de porter le maximum de livres sur leur tête puis de les peser. Trois l’ont relevé. Mathéo est arrivé à porter 1,7 kg sur sa tête, Léa 1,8 kg et Mélina 2,75 kg.

Moi, Véronique, j’ai voulu moi aussi essayer avec les albums et mes lectures de confinement : 5,4 kg sans trucage.

Qui dit plus ? Les paris sont ouverts. Un livre-cadeau sera envoyé au meilleur porteur de livres.

Parole à deux résidentes de l’Ehpad les Peupliers- Bourg-en Bresse (01), inspirées par la vue de leur fenêtre et balcon. 

Madeleine
Quand la dame de service ouvre mes volets, de mon lit j’aperçois les branches des arbres qui font la farandole. Je me dis « il y a du vent ce matin », on dirait qu’elles dansent, le tango ou la valse ? Il fait doux ce matin, j’ai ouvert la fenêtre. Le rideau bouge, c’est « le moineau courant d’air », venu lui aussi prendre son petit déjeuner.

J’aperçois un couple. Ils vont certainement au marché, c’est samedi, oui « ça-me-dit », autrefois, lorsque j’étais encore chez moi avec mes amies, on y allait en chœur, on prenait le bus en bavardant comme des pies. Aujourd’hui le couple a un masque sur le nez et la bouche, ils ne peuvent surement pas se raconter ce qu’ils vivent en ce moment et surtout pas se toucher, tenez-vous à un mètre, oh ! Enfant, à l’école on faisait cela quand on avait des poux.

En réfléchissant bien je crois que le monde est fou, la vie a vraiment changé, chacun pour soi et voilà tout. Reviendras-tu le bon temps d’avant ? Il faut vivre comme ça, cloîtrée. J’ai vu ma fille hier, mais derrière une fenêtre. Heureusement le téléphone nous sauve ! Et aussi ma radio et mon tricotage.

Josiane
Avant l’arrivée du virus, de mon balcon je voyais un grand bâtiment gris où les employés s’activaient. L’avenue était très animée avec une circulation dense, depuis l’aube jusqu’au soir, faisant beaucoup de bruit et de pollution. De nombreux piétons affairés circulaient et les peupliers servaient de décor aux petits oiseaux qui venaient manger des miettes.

Depuis le confinement, la vie est figée et tout a changé : il n’y a plus de vacarme mais on peut entendre une autre vie.
Au petit matin, les oiseaux chantent. Les rues sont désertes et silencieuses, de rares bus circulent pratiquement vides. Le personnel a déserté la compagnie d’assurance dont les fenêtres sont devenues aveugles. Quelques rares personnes seules, sans visage (à cause du masque) promènent leur chien en évitant les autres. Il y a aussi quelques sportifs qui arpentent la chaussée au petit trot.

J’ai vu un chat roux qui se baladait tout seul pas loin du héron qui pêchait dans la rivière. Le souffle du vent berce les peupliers qui sont plus verts et leur feuillage abrite les nids des grands oiseaux. Les moineaux viennent plus nombreux, avec leurs petits, manger sur mon balcon et s’y reposer en profitant du calme ambiant. Tard le soir on entend le merle donner la sérénade.

La nuit sera calme sans les rodéos motos/autos. D’un coup de baguette maléfique, la vie s’est arrêtée et de mon balcon, depuis, je peux voir une autre forme de vie que nous avions oubliée.

Au collège Louise de Savoie à Pont d’Ain (01), une classe de 6e avait dès février commencé à dresser et illustrer une longue liste de jours différents. En voici un aperçu.
A vous d’associer dessins et textes de cet « Ain-ventaire » fort expressif. Réponse en cliquant sur chaque illustration.

A – Il y a des jours où tu n’y arrives pas.
B – Il y a des jours où tu voudrais être à un endroit mais il y a des jours où tu ne voudrais pas y être.
C – Il y a des jours où tu te dis que tout est possible, et d’autres où tu te dis que tu ne réussiras rien.
D – Il y a des jours où tu te sens seul mais tu oublies que tu as des amis avec qui jouer.
E – Il y a des jours où tu voudrais changer le monde.
F – Il y a des jours où tu as envie de remonter dans le temps.
G – Il y a des jours où tout semble parfait, tu es heureux et sur un mal-entendu, cela devient la guerre.
H – Il y a des jours où tu t’ennuies alors que tu pourrais t’amuser avec tes amis

Maud, Janine, Nicole, Dominique, Marie-France, Chantal, Charlotte, Bernadette regardent de leur fenêtre le monde se déconfiner.

Nos résidents, sans visite de leurs proches depuis début mars, gardent le lien à travers le téléphone, les visites fenêtre, les rencontres skype et aussi les lettres ou mails que je leur transmets.

Inspirée par les galeries dedans dehors publiées le dimanche sur le blog, j’ai proposé début mai aux résidents et à leur famille de partager « les choses vues de leur fenêtre ».

J’ai reçu de nombreuses photos de la région, mais aussi d’Autun, de Marseille, de Brest et même du Niger…

Une belle façon de voyager pour nos résidents en ces temps de confinement !

Marie Line, animatrice à l’Ephad des peupliers-Bourg-en Bresse (01)

J’ai découvert, choisi, lu et relu les albums sélectionnés cette année pour 1,2, 3 albums et, à la faveur de cette période de confinement, je m’aperçois que ce voyage-lecture n’a peut-être jamais aussi bien porté son nom, au sens propre comme au sens figuré.

Les personnages des albums voyagent en effet beaucoup. Syms / Simon et Charles Darwin (Le Voyage de Darwin) sillonnent le monde dans leur bateau. Tantale (Moi, c’est Tantale) passe d’un continent à un autre. Iris (La Princesse au don perdu) explore toutes les régions de son royaume.

Bien sûr, le voyage est parfois beaucoup plus court. Adjoa (Tiens-toi droite) transporte sur sa tête d’un village à l’autre les denrées qu’il lui faut livrer ou aller chercher. Jeanne-Marie (Un Jour particulier) va de son village au champ où les femmes de sa famille ramassent les restes de la récolte. Philémon et Baucis (Philémon et Baucis) vont, eux, de la vallée où ils vivent à la montagne qui la surplombe. Il est même parfois encore plus court : la femme du potier (La Femme du potier) passe de sa cuisine à l’atelier de son mari !

Pourtant, c’est bien un véritable voyage que les uns comme les autres accomplissent, dans le sens où chacune, chacun se voit irrémédiablement transformé.e par celui-ci.

Il est en effet question d’émancipation, de liberté pour toutes et tous. Leur quête, plus ou moins consciente, plus ou moins voulue, choisie, les conduits à découvrir, se découvrir. La femme du potier ose, fait l’expérience d’un don caché, excelle même dans son art. Philémon et Baucis détiennent désormais la clé de l’amour éternel. Jeanne-Marie marche pour la première fois seule dans la campagne, découvre le monde et ses réalités : elle ne va pas à l’école quand d’autres s’y trouvent, un garçon l’empêche de goûter aux cerises de l’arbre. Adjoa se rebelle, s’affirme en tant que femme, individu autonome. Son expérience lui forge un caractère bien trempé ! Après un long parcours initiatique, Iris trouve du sens à sa vie et nous invite, non sans malice, à relâcher les tensions, la pression que nous nous imposons parfois à nous-mêmes pour nous conformer aux demandes, aux exigences de notre entourage. Tantale fait l’expérience de la folie des hommes, de leurs abus, de leur inconséquence. Enfin, Syms / Simon collecte des souvenirs inoubliables tandis que Charles Darwin élabore sa célèbre théorie.

Puissions-nous faire de semblables voyages, aussi dépaysants que formateurs ! Dans tous les cas, ces différents albums nous y invitent et, peut-être plus encore en cette période de confinement, nous y aident : ils permettent d’étoffer un peu un Inventaire des jours qui, sinon, sans eux et bien d’autres livres encore, pourrait être seulement long et laborieux, bien moins chatoyant !

Emmanuel Delorme, professeur de lettres et formateur (Chalon/Saône)

Dominique, Caroline, Karine, Kanda, Philippine et Nicolas, Sylvie, Marine et Clémentine se disent que demain ils pourront enfin voir leur fenêtre de l’extérieur. D’un clic, découvrez chacune de l’intérieur.

Les épidémies, ce n’est d’aujourd’hui. Christine Valcin, senior voyageuse-bouquineuse à Talant (21) nous le rappelle en proposant un extrait du témoignage de Richard Cœur de Lion, fils d’Alénior d’Aquitaine, confiné à Cognac à cause de la peste, qui fit 22 millions de morts en  Europe à la fin du 12e.

Je suis sorti tôt ce matin, me glissant doucement hors de ma demeure, accompagné de mes chiens. Personne ne m’a vu partir et il est encore trop tôt pour que je rencontre les rares sénéchaux chargés de surveiller les allées et venues du peuple. Je marche d’un bon pas sur le chemin au milieu des vignes et des champs, vers la forêt et le sentier rocailleux qui mène à la rivière.

La nature retrouve doucement son manteau estival après une période hivernale et grise, à présent les couleurs vertes, jaunes, orangées qui m’entourent deviennent chaque jour plus imposantes. Mes chiens plongent leurs truffes dans les talus, remuant leur queue, grattant la terre avidement, enivrés par tous ces mélanges olfactifs, espérant dénicher quelque mulot. Au-dessus d’un champ, dans le ciel, je repère une buse tournoyant dans les airs en longues spirales, tentant de repérer une proie. Plus loin à la lisière de la forêt, j’entends le cri rauque d’un héron, qui se détache de tous les chants matinaux des oiseaux. Ils donnent leur concert matinal, note après note, dans un chant d’amour destiné au printemps. Pas d’autre bruit, à part celui de la nature et du vent dans les arbres.

J’ai laissé derrière moi les humains confinés qui ne peuvent plus sortir. La calamité s’est répandue sur nos terres et se propage si vite que nul ne peut l’arrêter, sinon en se cloitrant et en la laissant passer devant sa porte. Partout dans les cités, aux rues étroites et aux maisons basses, la maladie a frappé les pauvres hères affaiblis.

Les échoppes sont fermées et les villes sont désertées par les êtres affamés, un silence de mort y règne. Dans les chaumières de campagne, dans les châteaux entourés de hautes murailles, les femmes s’occupent à leurs foyers, brodent, tissent, cousent et prient. Les hommes boivent, parlent, chahutent, boivent encore et prient un peu. Les enfants jouent et étudient, peu conscients du danger qui rode au dehors.

La promiscuité forcée a fait ressortir chez certains êtres leur côté cruel et animal ; la peur, la frayeur et l’affolement ont fait disparaître toute lueur de bon sens. Pour d’autres la gentillesse, l’attention et la bonté dominent.