Quand elle a vu passer l’offre du CLEMI* de faire participer des élèves** à la matinale de France 3, Sylvie Merabti, professeur documentaliste au collège de Talant, ville de l’agglomération de Dijon, n’a pas hésité. Elle enverrait des élèves parler à la télévision régionale de leurs expériences de lecteurs.
Louka et Thérèse, Malo et Eden ont d’abord préparé leur intervention. Le premier duo parlerait d’1, 2, 3 albums, le second de la lecture de contes faites par des élèves de 4e, à l’aide d’un kamishibaï, à des CP de la commune puis à leurs familles invitées au CDI.
Le format de l’émission matinale de France 3 » Ensemble, c’est mieux » ne leur aura pas permis de dire tout ce qu’ils avaient prévu. Néanmoins, ils ont très clairement présenté chaque projet et partagé leur enthousiasme à lire pour d’autres et à être reconnus comme de bons passeurs d’histoires, avec pour preuve, le silence qui s’en est suivi puis les applaudissements.
Sitôt sortis du plateau, ils ont exprimé leur joie en s’écriant : « C’est génial ! »
Pour Sylvie et moi, qui avons en régie vécu le stress du tempo imposé par le « conducteur » de l’émission, ça restera aussi une matinée inoubliable. L’accompagnement a été professionnel et chaleureux, durant les deux heures et demi passées dans les locaux :
– mot d’accueil « soyez-vous même, respirez »
– maquillage
– plateau, attente et direct
– visite des bureaux, du grand plateau du JT, de la régie, rencontre avec une journaliste et une monteuse, un technicien chargé des « palettes » (images à monter pour incrustation)
– évocation de l’avenir de la télé régionale
– petits cadeaux dont un stylo et une clé USB
Félicitations aux 4 jeunes, remerciements à l’équipe de France 3 Bourgogne-Franche-Comté d’avoir mis en avant la lecture partagée un 2 avril, érigée par l’Unesco en journée internationale du livre de jeunesse.
VML
*CLEMI : Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information.
**Donner à des jeunes la possibilité de prendre la parole à la télévision est une idée originale de la journaliste Muriel Bessard qui est venue au collège de Talant à la mi-mars parler aux 4e des métiers de la télévision.
Sur un toit de Paris, Monsieur Ba propose à ses trois jeunes apprentis dessinateurs de faire oeuvre commune : une feuille blanche, trois pinceaux, quelques consignes et c’est parti. Cette scène (pages 82 et 83 de Mille dessins dans un encrier) correspond exactement à la méthode créative qu’utilise Zaü quand il rencontre du public, enfant et adulte.
C’est ce qu’il m’a confié au téléphone puis détaillé généreusement par écrit, répondant à mon envie de proposer aux lecteurs-voyageurs de prolonger la lecture de son album par un dessin collectif.
Protocole de création :
1/ Préparer une longue table.
2/Déplier du kraft blanc et installer des pinceaux fins et des pots d’encre de Chine.
3/ Tracer au pinceau une ligne de chaque côté à environ 10 cm du bord pour que le public sache où démarrer.
4/ Répartir les personnes debout de part et d’autres en prenant soin d’alterner fille et garçon ou enfant et adulte.
5/ Lancer une consigne de dessin spontanée – au trait et sans modèle : un animal, trois arbres différents…
6/ Eventuellement, une fois l’encre sèche, proposer de colorier avec des feutres en hachurant les fonds mais pas les éléments qui restent évidés.
Si vous lancez des fresques collectives ou autres expressions plastiques, merci de nous envoyer quelques photos et impressions à partager avec Zaü, en échange du cadeau de sa « grammaire » d’artiste.
VML
Le très beau texte de Thomas Scotto Une somme de souvenirs suscite immanquablement l’envie d’en partager. Dans le cas d’une rencontre-lecture intergénérationnelle comme nous les animons au collège de Talant (21) avec les seniors volontaires de la ville, les échanges de souvenirs seraient d’autant plus riches que chaque participant y aurait réfléchi avant.
Pour ce faire, chaque élève a préparé une carte souvenir formulée à partir d’une trame commune : Quand je ferme les yeux, je vois … je ressens … j’entends. Le texte écrit au verso d’une carte format A5 est illustrée au recto d’un visuel noir & blanc différent selon la classe voyageuse.
Exemples : La forêt (visuel ci-contre cliquable pour agrandir)
et le chat (texte de Noha ci-dessous)
Quand je ferme les yeux, je vois encore sa petite bouille avec ses petites moustaches. Je ressens encore sa présence à certains moments. J’entends encore ses ronronnements quand je le caressais. Je regrette d’avoir perdu mon chat, il me manque beaucoup. Il s’appelait Cannelle.
Les seniors ont apporté une photo ou un objet, souvent d’un autre temps, et partagé le souvenir qui lui correspondait.
Exemple 1 : Une bougie par Mme Ta Kim
Simone, la dame du 5e. Quand j’étais plus jeune j’avais une voisine au 5e étage, une vieille dame très distinguée que j’admirais beaucoup. Elle était pauvre quand elle était petite, mais elle a fait ensuite de grandes études. Elle avait grand coeur, elle avait le souci des autres, elle était très généreuse. Elle lisait tous les jours les journaux, écrivait aux hommes politiques pour changer le monde et tous lui répondaient. Elles faisaient des dossiers pour les voisins sur tous les sujets qui nous intéressaient. Un jour je l’ai aidée et elle m’a offert une belle bougie. Je suis heureuse d’avoir gardé cette bougie, ainsi je repense à Simone.
Exemple 2 : Le tablier de Madame Valcin
Ma grand-mère portait un tablier pour protéger des vêtements moins faciles à laver que ceux d’aujourd’hui. Il lui servait aussi de gant pour retirer un plan du four, de panier pour ramasser des légumes au potager, de soufflet pour ranimer le feu.
Conclusion : la lecture épicée a cette magie de percevoir le sens profond. Partagée, elle offre de magnifiques moments, des regards attentifs, beaucoup d’émotions. Les collègues sont conquis.
On programme un vide grenier de souvenirs à la « Porte ouverte » du collège le 5 avril !
Sylvie Merabti, professeur-documentaliste au collège de Talant (21) et ses collègues enthousiastes.
Deux classes de CAP 1ère année « Aide à la personne » ont assisté à la scénographie jouée par les bibliothécaires de Sens. Parallèlement aux lectures individuelles pratiquées notamment pendant l’heure d’étude hebdomadaire, une des classes a décidé de créer « un livre pour se livrer » autour du thème du lycée.
Au CDI, accompagnés par leur professeur de lettres, l’AVS et moi-même, les jeunes, par groupe de trois, ont choisi un album ressource dans lequel ils ont pioché des idées, des phrases, des illustrations.
Au bout de deux heures, se sont dégagés des thèmes comme :
le harcèlement à partir de Ruby tête haute,
la relation profs-élèves à partir du Maître d’école,
le lycée durant la guerre inspiré du Jardin du dedans-dehors.
Une envie de dessiner est née avec Le labyrinthe de l’âme et Mille dessins dans un encrier.
Frédérique Germanaud, auteure en résidence à Sens, qui a déjà rencontré les élèves au début de l’année pour un atelier d’écriture stimulant, les amènera en mai à produire des fragments poétiques à partir des matériaux récoltés.
Ce public peu enclin à la lecture s’est pris au jeu de l’écriture !
Corinne Mazuir, professeur-documentaliste, Lycée Professionnel Rural Privé de Ste-Colombe à St Denis-les-Sens (89)
Nous, l’équipe de français et l’équipe de la médiathèque de l’ESPE Yonne, avons organisé mercredi 6 mars, un apéritif littéraire qui a beaucoup plu aux participants : futurs professeurs des écoles, enseignants et collègues formateurs du 1er degré. L’invitation à cet apéritif était imprécise à dessein. Nous avions simplement évoqué la présentation d’albums et le partage de quelques gourmandises. En découvrant les pupitres, certains ont presque cru à une conférence ! Au menu, 2 lectures épicées : Un air de liberté à Congo Square et Une Somme de souvenirs.
Après la première lecture, un peu de surprise, beaucoup de plaisir et de nombreuses questions sur l’opération 1,2,3 albums. Tous les albums étaient exposés sur une table : entre les deux lectures épicées, les participants ont pu boire, grignoter et feuilleter les albums.
Une Somme de souvenirs a permis d’intégrer le public dans la lecture. Tout le monde s’est prêté à l’exercice avec plaisir. Certain(e)s ont profité des petits cartons mis à disposition pour écrire leur propre souvenir, que nous avons ajouté à « l’arbre aux souvenirs ». D’autres nous ont confié avoir trouvé dans les lectures des idées pour leurs propres scénarios pédagogiques ; les enseignantes d’histoire ont été particulièrement intéressées par Congo Square.
Un moment convivial et sympathique que nous renouvellerons au moment du vote en essayant d’associer des étudiant(e)s volontaires à d’autres lectures épicées.
En attendant, un coin lecture confortable a été installé à la médiathèque pour permettre à tous les lecteurs de découvrir les albums. Et dans le cadre d’un module de français, 2 groupes d’étudiants, absents lors de l’apéritif ont à leur tour découvert et mis en œuvre les lectures épicées de Congo Square et Une Somme de souvenirs pour leurs camarades.
Caroline Raulet-Marcel, enseignante à L’Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education – Auxerre (89)
Depuis sept ans que Livralire imagine pour chaque album du voyage-lecture intergénérationnel une lecture à voix haute imagée et participative, dite lecture épicée, trois choses sont sûres !
– Ça éclaire le sens des histoires et met de fait les albums, notamment les bavards ou les déroutants, à la portée des tous les voyageurs.
– Ç’est une rampe de lancement pour les échanges.
– Les participants de tout âge peuvent s’en emparer et devenir des acteurs de lecture.
Exemple 1 : A Leyment (01) à l’issu de la scénographie, chacune des 11 classes participantes, collège et primaire, a choisi un album à présenter à deux ou trois classes, au printemps, sous la forme de son choix, reprenant ou non la trame des lectures épicées de Livralire.
Exemple 2 : Au collège de Talant (21), 7 élèves de 6e ont été choisis pour jouer La princesse aux 1001 perles et Une somme de souvenirs, une dizaine de fois :
– En janvier à des CM venus passer une heure au CDI dans le cadre de leur journée découverte du collège. Le succès a été tel que les instituteurs-trices qui ne connaissaient pas encore 1, 2, 3 albums ont demandé à avoir les fiches techniques pour que les primaires les jouent à leur tour devant leurs familles en juin. Avec l’idée d’embarquer l’an prochain aux côtés de leurs collègues du premier degré, voyageurs assidus.
– En mars à leurs camarades de 6e et 5e engagés dans 1, 2 3 albums, aux côtés de seniors de la ville « recrutés » par la bibliothèque et le service senior de la ville.
L’équipe de « comédiens » a ajouté sa note personnelle avec des accessoires. Ils ont été dispensés de cours en accord avec l’équipe pédagogique, sachant que, bons élèves, ils les rattraperaient très facilement.
Exemple 3 : A Givry (71), des résidents du foyer-logement ont préparé pour les élèves de CM2 avec lesquels ils voyagent, la lecture polyphonique de La princesse aux 1001 perles en matérialisant même le fameux collier récupéré grâce aux animaux. A noter que le monsieur qui connaissait par coeur son rôle d’archer, aurait aimé avoir un rôle plus important !
VML
A Leyment, dans l’Ain, 11 classes ont embarqué dans 1, 2, 3 albums : 7 classes du collège (6e, 3e, Ulis), 3 trois classes du primaire et une unité d’enseignement. A l’issu de la scénographie, présentée d’abord à la communauté éducative puis aux élèves, chaque classe a choisi une lecture à préparer sous la forme de son choix, inspirée ou non des lectures épicées fournies par Livralire. Elle sera jouée ce printemps à deux autres classes selon un planning précis.
Dans le cadre du cours de technologie, des élèves de 3e ont imaginé des fiches-étape (fournies avec un guide) pour recueillir les impressions des voyageurs après ces dégustations-lecture.
Chaque album est considéré comme une destination. La compagnie organisatrice est la classe qui offre la lecture, ceux qui en profitent donnent leur identité de voyageur.
Les modèles de fiches sont transmis aux enseignants qui les photocopient pour leurs élèves. Ainsi chaque jeune aura son propre carnet de voyage.
L’enseignant en fera une synthèse et fournira à Emilie, la documentaliste coordinatrice et animatrice très active d’1, 2, 3 albums, une page par livre.
VML
des fiches-étape individuelles
Maison des seniors, Chalon / Saône, le 12 mars 2019 : on retrouve les 6e, après l’embarquement commun en janvier. Au programme : la découverte du labyrinthe de l’âme selon le canevas bâti avec le professeur de lettres.
1/ Pour annoncer le thème, tenu secret, les adultes, installés en cercle avec les jeunes, scandent le texte de la chanson de Mano Solo : les sentiments.
2/ Pour découvrir l’album, on se répartit en 4 groupes. Quatre visuels ont été sélectionnés correspondant à la peur, la joie, la colère et l’espérance. Le texte en vis-à-vis étant occulté, chacun observe l’image et propose un sentiment pouvant correspondre. Le texte est ensuite lu à voix haute.
3/ Pour illustrer concrètement ces 4 états d’âme, chacun est invité, dans son groupe, à répondre par écrit aux 4 questions suivantes : Je suis en colère quand … / J’ai peur … / Ce qui me rend joyeux… / Par quel objet, couleur, lieu ou musique représenterais-tu l’espérance ? Les réponses sont découpées et déposées dans des pots en verre. Ceux qui ont fini les premiers se plongent dans l’album.
4/ Pour partager le vécu, un binôme jeune-adulte lit les réponses d’un des pots devant l’assemblée plénière. Le temps manquant, les 6e sont repartis avec le pot des peurs et les adultes ont lu les représentations de l’espérance (envoyées ensuite par mail à l’enseignant).
5/ Dans un 5e pot, avait été glissée l’illustration du mot « surprise », reconnue facilement par les élèves. Les adultes, mis dans le secret à la séance précédente, ont partagé oralement une bonne ou une mauvaise surprise comme une livraison surprenante de fleurs, un essaim d’abeilles entre deux vitres, un vélo pour Noël, deux chatons pour le prix d’un, un livre inattendu dans sa boite à lettres.
RESULTATS :
1/ Le programme était trop ambitieux pour le temps imparti (80 minutes). Ça aurait mérité deux séances. Ceci dit, l’album a été introduit et le professeur compte bien poursuivre en classe.
2/ Les jeunes se sont regroupés par affinité et les bons élèves se sont mis ensemble. Ils ont eu des réactions rapides et des propositions pertinentes, éblouissantes même vu leur âge. Ce fut beaucoup plus difficile dans deux autres ateliers où les élèves ne s’écoutaient pas ou ne s’intéressaient qu’à eux. Peut-être aurait-il fallu diversifier la composition des groupes en amont. Pas sûr alors que les collégiens mûrs ou doués auraient parlé si librement, par peur d’être la risée de leurs camarades.
VML
Après que nous ayons, un collègue et moi, joué la scénographie à leurs résidents, la direction de l’Ehpad La source de Mondeville (14) a décidé d’intégrer une plasticienne au projet.
Chaque lundi matin, Isabelle Lecordier anime à l’Ehpad un atelier d’Art Plastiques qui s’inspire des albums de la sélection 2018-2019. Les résidents sont invités, à créer, en utilisant des matériaux de récupération, des arbres à palabre pour illustrer en trois dimensions des albums de la sélection.
Pour chaque arbre, la plasticienne propose aux personnes âgées des techniques particulières : peinture à l’encre, collage, découpage…Les œuvres seront exposés lors de la semaine de la nature en mai prochain à l’Ehpad : une belle façon d’illustrer et de donner une autre facette visuelle aux albums ! Exemples : collage de gauche, La princesse au mille et une perles / frise de droite, création en cours inspirée de Liberté à congo square.
Arnaud, bibliothécaire à Mondeville (Calvados)
Depuis plusieurs années, l’accueil de jour d’Hurigny où je travaille, participe à 1, 2, 3 albums en jumelage avec l’accueil des Saugeraies à Mâcon (71). Ma collègue, ayant jugé le contexte du Jardin du dedans-dehors trop difficile et les illustrations peu attirantes pour les adultes en situation de handicaps, j’ai choisi de jouer à nos deux groupes réunis la lecture épicée proposée par Livralire. Bien sûr notre public peine à retranscrire les histoires écoutées et à se rappeler de détails. Mais il peut être touché par le thème. Ainsi, la lecture de cet album a lancé le débat sur la politique, la religion et libéré la parole sur les barrières à franchir, qu’elles viennent de la famille, des éducateurs ou de soi-même. Exemples :
Angélique confie ses difficultés d’élocution qui font qu’elle avait peur de prendre la parole en public. Elle a suivi des séances d’orthophonie, et avec son courage, elle fait maintenant partie d’une chorale, où elle chante même une chanson en quatuor.
Eve, témoigne de la peur des éducateurs qu’elle se rende seule à son cours de dessin. Aidée d’un ami, elle s’y est rendue sans problèmes et sans éducateurs !
Le manque d’accessibilité est un obstacle difficile à surmonter pour nombre d’entre eux. Un monsieur s’est même vu refuser la montée dans un bus. Il n’ose plus le prendre seul. Cathy avait l’envie de devenir plus autonome dans sa vie quotidienne, mais elle appréhendait de prendre le bus. Non sans mal, elle a vaincu sa peur. Aujourd’hui, elle se déplace seule dans la ville. Une de ses grandes joies est de pouvoir se rendre seule à la médiathèque et de profiter d’un temps de liberté dans ce lieu.
Et le groupe de conclure : « Notre mur a quelques briques de plus que le vôtre, mais quand il est franchi, c’est une grande satisfaction ».
Delphine