Nous avons choisi de faire notre premier voyage 1, 2, 3 albums au fil de l’eau. Nos partenaires, le SESSAD de Trévoux et la maison de retraite de Clairval à Reyrieux habitant le long de la Saône, nous faisons voguer des bateaux à chaque lecture d’albums. Chaque auditeur vient poser dans un bateau un « billet sentiment » sur lequel il a écrit les émotions ressenties au fil de la lecture.
Nous avons choisi de faire de ce voyage un moment unique où chacun s’exprime quand il en a envie. C’est pour cela que les lectures se font tantôt par un enfant, tantôt par une personne de la maison de retraite. En début de séance, les enfants sont timides, chacun reste dans son coin. Mais dès que la lecture commence, la magie opère, les regards se posent, les langues se délient et certains livres apportent leur lot de souvenirs que l’on échange avec bienveillance.
Pour l’étape sur l’album de Daniel Picouly Et si on redessinait le monde, on s’est posé la question : Et nous le monde, on le voit comment ? Réponse visuelle avec une fresque faite par les enfants et une par les résidents. Ces réalisations seront ensuite exposées dans la médiathèque La Passerelle.
Marie-Hélène et Jocelyn – Médiathèque de Trévoux (01)
La magie du voyage opère au collège Robert Doisneau, à Chalon sur Saône.
Les objets cube et les objets colonne sont merveilleusement beaux et agréables à manipuler, beaucoup de nos élèves ont été très sensibles aux dessins subtils des cubes … La musique de la SNCF a eu un énorme succès aussi. Cette année, nous avons décidé de concentrer sur deux journées la présentation aux classes, marathonesque mais immensément gratifiant, ce qui nous a permis de mesurer aussi combien les groupes réagissent différemment aux livres, aux musiques, aux textes de présentation.
Et toujours la joie incroyable ensuite de la lecture à voix haute, Le casque d’Opapi, Les sœurs Koumba, Elle est où la ligne passent très bien. Un verre a été beaucoup réclamé, mais on sentait comme une petite déception à la lecture, donc on va se lancer dans la lecture épicée de cet album, histoire d’en faire sentir la finesse.
Autre satisfaction : des collègues, plus nombreux, qui sont venus voir en curieux et ont apprécié. Quelques îlots de résistance, très peu nombreux (mais audibles, quand même, on a l’oreille fine … ) : les élèves qui sont tellement en rejet de l’école et de la « culture », verbalisent leur envie de ne rien lire, rien ne leur a plu. C’est balayé par la vague d’enthousiasme du groupe, et la relation très forte qui se crée pendant la scénographie, l’autorité impériale de qui sait avec certitude qu’il est bien au cœur de son métier. Ça nous conforte, Fatima et moi, dans l’idée que ces moments sont pour ces élèves une occasion de dire leur rejet, mais aussi de se dire que ça pourrait être bien aussi de se laisser aller à apprécier, quitte à risquer d’être ému … Bref, compliqué, exaltant, comme tout ce qui vaut la peine ! Encore merci à vous d’inventer ces voyages émouvants et intelligents !
Pauline Lagarde, professeur de lettres
Je reviens à l’instant de l’Ehpad La Providence après une séance lecture de 1h30. C’est toujours un grand moment d’échanges, d’émotion, de souvenirs partagés. On s’amuse aussi beaucoup. Le petit groupe est maintenant bien constitué et réceptif même s’il y a quelques assoupissements.
Par l’intermédiaire de la lecture, les personnes âgées sont beaucoup plus dans la communication, dans la sensibilité. L’attention bienveillante qu’elles se portent les unes aux autres par l’écoute des propos ou souvenirs évoqués est, me semble-t-il, un gage de « réussite » du moment passé avec elles.
Aujourd’hui, j’ai lu, Un verre et La guitare de Django avec en fond la musique de Django. Deux superbes lectures aux tonalités différentes mais où la sensibilité peut s’exprimer. L’une des résidentes a vécu à Paris où elle était couturière : j’ai vu son album photos avec les robes qu’elle avait cousues pour Edith Piaf. Elle était très émue car elle a connu le fils de Django.
Voilà, il y aurait encore maintes choses à dire, d’anecdotes à raconter mais vraiment ce moment de lecture partagée me comble à chaque fois.
Dominique Metzger
Elle est où la ligne ?
A la résidence, la première lecture épicée a eu lieu vendredi 27 mars autour du Casque d’Opapi devant quatorze participants si calmes lors de la lecture que je me suis demandé si cela les intéressait. Le silence était en fait signe de grande attention. J’ai complété la lecture par un extrait d’un livre de témoignages de poilus.
S’en est suivie une assez longue discussion sur la première guerre mais aussi sur la seconde et puis sur les événements récents autour du fanatisme. Le plus difficile sur ce sujet a été de rester positif et d’espérer en la paix. Mais cela a été riche de témoignages et de partage notamment grâce à la présence d’un fils d’une des résidentes présentes.
Quand j’ai demandé si quelqu’un voulait prendre les deux livres, une résidente a proposé de les emprunter pour les lire aux personnes qui ne peuvent plus bouger ou qui n’avaient pas souhaité venir. Cette lectrice spontanée a lu Le casque d’Opapi à une dame dans sa chambre et lui a, du coup, donné envie de venir à la prochaine séance collective.
Arnaud GINIONS, animateur à Ehpad Notre Dame de Marloux (71)
A Béthusy, nous entamons notre troisième voyage-lecture avec une classe d’accueil dont les élèves, entre 13 et 16 ans, sont allophones et sont au tout début de leur apprentissage du français.
Vendredi 13 mars, nous avons rendu visite aux seniors de l’accueil de jour de Mont-Calme à deux pas de notre collège pour assister à la scénographie préparée par nos collègues de la Bibliothèque de la Ville de Lausanne. Deux semaines plus tard, nous avons accueilli nos invités en classe pour un après-midi de rencontre et de lecture épicée.
Les élèves avaient choisi de présenter La guitare de Django sous forme de lecture polyphonique agrémentée d’un kamishibaï préparé par leurs soins. Entre les répliques, la guitare d’un jeune et celle de Django ont résonné aux oreilles des voyageurs. Les voix des élèves, riches de leur couleur internationale, se sont élevées fortes et encouragées par leurs invités qui avaient envie de tout entendre. Nous avons été émus, nous avons ri et nous avons appris à nous connaître. Parmi nos invitées, certaines pensent que les jeunes d’aujourd’hui sont beaucoup plus intelligents qu’avant… Sauront-ils faire honneur à la foi de leur nouvelle amie? Nous avons très envie d’y croire.
Ce moment de partage nous a fait voyager du Paris de Django au Paris d’aujourd’hui en passant par le Brésil, la Turquie, le Canada, l’Italie, les Etats-Unis, la Roumanie, la Chine, la Thaïlande, le Portugal, l’Espagne, la Hollande et bien sûr la Suisse. Cette fois-ci, le manouche aux doigts féeriques aura été un très beau trait d’union entre les êtres au-delà des générations. Sur fond de jazz, nous nous réjouissons de notre prochaine rencontre à Mont-Calme.
Sophie, Bibliothécaire à Béthusy (Suisse)
Les objectifs des lectures épicées sont atteints :
– ça fait entrer dans l’album
Exemple. Au campus des métiers de Bobigny (93), Cécile et Claire ont joué 3 fois celle du Pilote et le petit prince à des Bac Pro carrossiers ou mécaniciens.
La plupart des jeunes ont apprécié cette lecture partielle :
– vivante : « les dames racontent bien » – « c’est bien présenté »
– captivante : « j’aime pas lire mais j’aime qu’on me raconte » – « on ne voit pas le temps passer »- « 20/20 »
– vécue : « j’aime bien parce que c’est une histoire vraie » – « j’aime les biographies »
– intéressante : « ça parle de la guerre » – « l’aviation, ça m’intéresse »
– stimulante : « de la vie, plein de vie »
Quelques récalcitrants quand même, qui ont trouvé ça enfantin, long, soporifique.
– ça conforte la lecture personnelle
« J’avais déjà lu l’album, mais de le voir mis en scène m’a donné une vue d’ensemble et m’a aidé à le comprendre » (une senior à Givry – 71)
VML
Le Pilote et le Petit Prince
Grâce à Cécile, notre documentaliste, c’est la deuxième année que notre établissement participe à 1, 2 , 3 albums proposé par Livralire. Après une première expérience enthousiasmante, j’ai décidé de m’investir énormément, car j’y crois chaque jour encore plus.
J’enseigne le Français à des apprentis en CAP et en Bac Pro qui ne sont pas lecteurs. Cette année, j’ai été séduite par plusieurs albums qui m’ont semblé tout-à-fait adaptés aux classes de Bac Pro.
Dans le cadre du programme de Terminale Bac, j’ai choisi de travailler sur le mythe de Saint-Exupéry (concernant la partie Au XXème siècle, l’homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts) et je me suis donc servie du Pilote et le Petit Prince pour introduire la séquence. La lecture épicée a permis de découvrir l’homme d’une manière très originale ainsi que l’histoire de l’aviation. L’album a été très apprécié, d’autant plus qu’il s’agit d’une « biographie » et c’est un genre que les apprentis affectionnent particulièrement car c’est une « histoire vraie ».
Après cette entrée en matière, nous avons visionné un documentaire sur l’aéropostale dans lequel les apprentis ont retrouvé plusieurs personnages de l’album : Pierre Georges Latécoère, Mermoz, Guillaumet… ainsi que leurs aventures aériennes. Nous avons également analysé différentes affiches de la compagnie aérienne. Enfin, nous avons étudié quelques extraits de son œuvre Terre des hommes.
J’ai compris que l’utilisation d’un album permettait d’enrichir mes pratiques pédagogiques et de varier les supports. Si je n’avais pas découvert Le Pilote et le Petit Prince, j’aurais simplement demandé aux apprentis de faire une recherche documentaire sur Saint-Exupéry dans un dictionnaire ou sur internet, et pour l’avoir pratiqué, cela aurait été un « bide ». Alors que là, ils ont été captivés par la scénographie des assiettes ! Ces lectures épicées les intriguent, éveillent la curiosité de certains et déclenchent chez eux une grande écoute. D’autant plus que l’album est très riche et assez difficile d’accès pour nos jeunes.
J’aurais aimé achever ma séquence par la visite du Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget afin de montrer aux apprentis les restes de l’avion de Saint-Exupéry, malheureusement cela n’a pu se réaliser. J’espère toutefois reconduire cette lecture passionnante les années à venir et ainsi me rendre à cette exposition.
Claire Santacru, professeur au centre des métiers -Bobigny (93)
Au collège de Chagny (71), la chaîne de lecture se met en place. Les adultes ont présenté les albums aux élèves de 5e qui, après lecture, entrainement vocal et manipulation, joueront la scénographie aux 6e, pendant la quinzaine avant les vacances d’avril.
Les tickets lecture individuels restent au CDI groupés par classe dans une cagette.
Fabienne Bourjon et Sandra Gaudillère, documentalistes
Depuis 2 ans, la Médiathèque Côte-d’Or (MCO), service du Conseil Général de la Côte-d’Or, est convaincue de l’intérêt du voyage pour ses collègues des services sociaux. Que ce soit en atelier collectif ou en temps individuel avec les familles, accompagner et faire vivre la sélection de livres est l’occasion de tisser un lien supplémentaire entre les travailleurs sociaux et les usagers qu’ils suivent.
Il nous fallait maintenant trouver des interlocuteurs de terrain qui visualisent la mise en place de cette animation dans leurs activités quotidiennes et aient envie de se lancer dans l’aventure.
Nous avons d’abord distribué un pack de livres dans chacune des Agence Solidarité Famille (ASF) du département afin que les collègues en prennent connaissance. Puis, notre matériel sous le bras, nous avons sillonné la Côte-d’Or pour présenter la scénographie dans les ASF à l’occasion de réunions réunissant des assistantes sociales, des éducateurs spécialisés ou encore des conseillers en économie sociale et familiale.
Première étape le 17 mars à l’ASF de Talant
Une présentation commune pour les travailleurs sociaux et pour « La Petite bulle », un groupe d’usagers constitué autour de projets d’éveil et d’animation. A la fin de la séance, les travailleurs sociaux étaient enthousiasmés par le choix des albums et leur résonance pour les familles qu’ils suivent. Les membres de la Petite bulle, d’abord timides, se sont très rapidement familiarisés avec les livres. Pour certains, l’envie immédiate de rapporter un album à la maison, de le partager avec leurs enfants. Pour d’autres, un regard amusé sur la scénographie et l’envie de la présenter à leur tour – avec des animateurs de l’ASF – à d’autres usagers.
Voici le voyage lancé ! Prochain rendez-vous de la Petite bulle les 30 mars, 17 et 24 avril pour les répétitions. Puis le 28 avril pour la présentation de la scénographie aux autres familles suivies par l’ASF. Tout cela sous l’oeil de la MCO qui est associée à la répétition générale pour régler les derniers détails pratiques et scéniques.
Deuxième étape le 20 mars, à l’Agence de Montbard
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