Au collège de Matour (71), l’embarquement des 6e dans 1.2.3 albums s’est fait dans le cadre des AP (ateliers personnalisés) en demi-classe ou classe entière avec dans chaque groupe une invitée différente : une bibliothécaire du village, un professeur de lettres ou la cheffe de l‘établissement.

Après le prélude, les élèves ont :
– justifié leur attirance pour tel ou tel album
– reçu une fiche de voyage où noter pour chaque album ce qu’on espère y trouver, des impressions de lecture et une notation par le biais d’émoticônes
– commencé à lire après que nous ayons fait quelques mises au point historiques pour les albums comme Il court et Nicky et Vera.

La lecture des albums se fait sur les heures d’AP. On commence par un temps collectif : un quart d’heure de lecture du début d’un album, à voix haute et à tour de rôle (comme un relais) pour aider à la mise en place du contexte et inciter à continuer seul. On enchaine sur les lectures individuelles.

En avril-mai, des volontaires prépareront des lectures épicées qu’ils iront jouer dans leurs anciennes écoles comme nous en avons pris l’habitude.

Estelle Romano, professeur-documentaliste

Après des débuts difficiles – l’album au collège, quelle drôle d’idée, disaient les profs – l’embarquement dans 1.2.3 albums est pour notre équipe pédagogique devenu incontournable. Nous sommes même à présent « albumivores ».

L’inscription est gratuite, ou plutôt financée par le département de l’Yonne via la BDP, mais notre budget acquisition de livres est limité et l’espace lecture du CDI pas très cocooning.

On entend parler du dispositif « Notre école, faisons-la ensemble » lancé par l’Education nationale, qui pourrait nous donner des coudées plus franches. En quelques heures on monte le dossier, riches de notre expérience d’ateliers lecture autour des albums avec des 6e en difficulté.
Notre projet est retenu. On a un week-end pour préparer sa présentation au staff dijonnais qui montera au collège le 30 janvier : Monsieur le recteur de l’académie, Madame la secrétaire générale, Monsieur le directeur de la pédagogie, Monsieur le directeur académique.

Par où commencer ? Le prélude ? Les albums ? Un topo ?
Comment faire pour que notre présentation soit la plus représentative du travail que nous menons : lectures vivantes, lecteurs-acteurs, créations, intergénération, etc. ?
Nous installons les albums sur des chevalets avec, face au public, la frise des verbes d’action choisis par Livralire pour le prélude de mise en bouche des albums. (LIEN). Révélation. Ils disent l’essence, le but et l’impact de nos ateliers lecture.

REGARDER : Observer les résultats aux tests de fluence et constater que 16% de nos élèves de 6° sont des élèves à besoin et que 32% sont fragiles.

AIDER : Aider les élèves les plus en difficulté à améliorer leurs résultats en lecture afin qu’ils deviennent des lecteurs autonomes.

S’ENGAGER : Embarquer dans 1.2.3 albums, c’est pour les enseignantes, la participation à une journée de formation à l’automne et un investissement dans un dispositif pédagogique coopératif. Pour les élèves, c’est une heure hebdomadaire de plus pour un atelier lecture spécifique.

OBÉIR : Respecter le cahier des charges que nous avons fixé dans le cadre de  » Notre école, faisons-la ensemble ».

TENIR BON : Garder le cap avec notre direction qui nous apporte son soutien depuis le début. Assurer une bonne soutenance du projet devant nos invités.

ESPÉRER : Voir nos élèves progresser, gagner confiance en eux et faire que la lecture ne soit plus un frein dans leurs apprentissages.

Les élèves ont renseigné les deux derniers verbes : TEMOIGNER et GAGNER.
Ils ont présenté brièvement un album qu’ils avaient lu, en justifiant leur choix et en engageant avec l’auditoire une discussion qui nous a épatées.

A la question qu’est-ce que cela vous apporte, les jeunes répondent à l’unisson qu’ils :
– sont plus à l’aise avec les mots et la lecture
– lisent plus vite et mieux*.
– osent aussi davantage prendre la parole en classe.
Autrement dit, ils ont clairement gagné confiance en eux grâce à la lecture régulière et diversifiée d’albums.

Le verdict tombe le soir même : le financement est acquis. Nous sommes bien sûr ravies. On continue l’atelier lecture avec les élèves qui, prochainement, iront Faire la lecture à haute voix aux résidents de l’Ehpad voisin. Et puis, surprise, le chef d’établissement nous convoque. Notre dossier fait partie des projets sélectionnés par le ministère de l’Éducation Nationale. Nous sommes invitées le 17 mars rue de Grenelle pour le présenter.

Angélique SEGURA, professeur documentaliste avec Valérie CUCHEVAL, professeur de lettres, collège Denfert Rochereau à Auxerre (89)

*Les tests de fluence de début mars montrent une évolution positive. Le gain est de +10 à +42 mots lus en une minute par rapport au test d’entrée en sixième.

A St Léger-sur-Dheune la lecture épicée d’Il était une forme restera dans la mémoire des co-locataires de la résidence Ages & Vie, à qui un artisan du village à offert le pack d’albums.

Ils ont apprécié d’être associés à une lecture originale et participative : prêter sa voix à un personnage, poser les caches sur les visuels. Ils préfèrent être acteurs que simples spectateurs comme pour la lecture d’Hokusai et le Fujisan, même s’ils avouent avoir découvert avec plaisir l’artiste et ses œuvres. J’imagine déjà leur investissement dans Le printemps d’Aubaka qu’on jouera tous ensemble aux beaux jours !

Les images en ont fait remonter d’autres. Des enfants en forêt, ça rappelle le Petit Poucet. Le bourreau, Blanche Neige ! La fée, la Belle au Bois Dormant ! Le bal, Cendrillon !

Sitôt le mot bal prononcé, les langues se sont déliées et les visages ont rayonné.
« Le bal du dimanche, c’était notre seule distraction. Nous les garçons, on attendait le dimanche pour voir les filles. Parfois trois dimanches de suite dans des villages voisins, puis plus rien !

On allait au bal à vélo. Les filles en robe cousues main et souliers cirés, les garçons cravatés, pantalons aux plis soigneusement marqués, et impeccablement coiffés. Les gars les plus endurcis osaient les cheveux longs. On formait des petits groupes de copains et de copines. On posait nos manteaux sur la rambarde du parquet de danse où nous évoluions sous l’œil des « futures belles-mères » ! On dansait sur la chanson du Spirou ou de la bombe atomique.
Quand on avait eu plusieurs fois la même cavalière, on était invité à prendre un café dans la famille… en vue d’un possible mariage ! »

Les vieilles dames peuvent-elles imaginer que des doigts de leurs petites-filles et arrière-petites-filles peuvent faire défiler sur l’écran des dizaines de prétendants !

VML

NB : Pour augmenter la lisibilité des images, la narratrice, tout en lisant, montre au public certaines illustrations avant de les poser sur table.

En plus de la présentation des albums à mes deux classes de 6e, nous avons animé, la documentaliste et moi, à la pause méridienne, une séance ouverte à tous les élèves du collège intéressés et aux membres du personnel disponibles.

Le prélude a beaucoup plu !

A la question, quel album aimeriez-vous lire de suite ?  Le Berger et l’assassin a été le plus cité !

Le projet donne des envies. Une collègue d’anglais présente, qui avait assisté l’an passé à une lecture épicée faite par ses élèves, envisage cette année de faire lire à voix haute un album en anglais à ses élèves.

Delphine NAUCHE, professeur de lettres, collège de Pont de Vaux (01)

Pour lire en groupe, Livralire crée pour chaque album, une lecture dite « épicée », c’est-à-dire une lecture à voix haute, intégrale ou aménagée (partielle ou/et découpée), brute ou mise en scène, dynamique et coopérative (plusieurs voix possibles), inspirée par des éléments visuels ou narratifs qu’elle souligne ou éclaire.

Les lectures épicées aident à la compréhension, apportent du piquant, donnent une place active aux auditeurs, cadencent les rencontres, varient les séances.

C’est un tremplin pour la lecture individuelle intégrale ou ça la remplace pour ceux qui n’ont pas les compétences nécessaires, l’album papier étant à portée de main des auditeurs.

C’est une trame dont peuvent s’emparer les lecteurs pour passer l’histoire à d’autres, comme narrateurs principaux ou voix secondaires.  « Chaque classe engagée  (6e et CM2) est responsable d’une lecture épicée ». « Notre classe Ulis prépare une lecture épicée pour les parents, une pour une autre classe ».  « Les ainés en préparent une, les jeunes une autre ».

C’est un produit durable. «Pas une semaine au CDI où je ne ressorte une lecture épicée  des années précédentes et l’album qui lui correspond pour étayer une thématique travaillée par un prof ou pour un accueil de classe ».

C’est un moyen de faire connaître le projet et de faire tomber les a priori sur les albums.

Pour la 17e édition, Livralire fournit aux participants les canevas et les visuels qui permettront :
– des lectures de type interviews pour Regarder les mouches voler.
– des lectures de type kamishibaï pour Il court, Nicky & Vera, Hohusai et le Fujisan.
– des lectures théâtralisée pour Le printemps d’Aubaka, Le berger et l’assassin.
une lecture interprétative pour L’Expédition.
– u
ne lecture – jeu pour Il était une forme.

Nota bene : Les lectures épicées des titres en bleu ont été filmées et seront mises en ligne sur le blog.

 

Suite à des demandes par mail, je tiens à préciser à tous que :
1/ Les couvertures des livres, à tirer en A3 pour le prélude, ont volontairement été mises au même format, le public découvrant au final les albums à leur taille réelle.

2/ Les visuels de la lecture épicée du Berger et de l’assassin ne sont pas fournis par Livralire. Il faut partir de l’album.

3/ Pour palier la longueur du récit, une version feuilleton du Berger et l’assassin,annoncée lors des lancements, sera disponible fin janvier sur le drive.

VML

3 janvier : première animation 2023 pour les habituées de l’atelier lecture hebdomadaire du foyer logement des Sept Fontaines à Givry (71). Surprise ! Marie Christine leur animatrice habituelle et présidente de Livralire qui va les embarquer dans 1.2.3 albums est absente. Je la remplace. J’ai carte blanche.

En fouillant dans mes étagères d’albums, je tombe sur celui de Jo Hoestlandt, Les belles espérances *qui faisait partie de la sélection du premier voyage-lecture intergénérationnel en 2007 ! Quoi de mieux pour ouvrir l’année, que l’histoire de Lise qui à chaque âge de la vie (enfant, ado, jeune femme, mère, grand-mère) espère quelque chose de différent.

L’heure se déroule en quatre temps :
1/ Une première lecture partielle : le texte seul et incomplet. A chaque fois que Lise dit ou pense : je voudrais, je m’arrête et invite les auditrices à imaginer ce que désire Lise. Sans donner la réponse, j’enchaine jusqu’à la situation finale où c’est la petite fille de Lise qui voudrait ….

2/ La lecture intégrale de l’album.

3/ Une invitation à partager un désir sur un papier en forme de pétale. On les mélange. On les pioche et on les lit à tour de rôle en composant une couronne, préparée par Jasemina, 12 ans. Leurs espérances : la santé, la paix, la fraternité, la maintenance des liens familiaux et pour l’une d’elle un voyage au Japon qu’elle attend depuis 60 ans. En 1962, elle devait participer à un rassemblement de pratiquants d’esperanto à Tokyo, mais, dit-elle, à la place, je me suis mariée !

4/ Lecture de deux textes tirés de Paroles d’espoir, compilation de Michel Piquemal (toujours disponible chez Albin Michel) dont un de Martin Luther King qu’on dirait écrit aujourd’hui !

Comme a dit une participante, on a bien démarré l’année : le soleil inondait la pièce et nos cœurs sont pleins de souvenirs et d’espoir pour l’an neuf !
La couronne a été installée à la vue de tous, dans le salon d’entrée de la résidence.

VML

*L’album publié en 2005 est disponible d’occasion.