A s’acheter, offrir ou emprunter en bibliothèque !
Trois titres incontournables à mon cœur de lectrice qui, par pure coïncidence, se déroulent ou commencent au 19e. Le premier se passe en Italie, les deux autres dans l’océan Indien.

Veiller sur elle. Prix Goncourt 2023 / L’Iconoclaste, 22,50 €
Avec Jean-Baptiste ANDREA, du grand romanesque pour les longues soirées d’hiver. Lire aussi son roman précédent, Des diables et des saints, paru depuis ma chronique sur Alterbib en collection Proche (et oui ! c’est le nom de la collection de poche), 8,10 €.

Le fruit le plus rare / Gallimard, continents noirs, 20 €
Grâce à Gaëlle BELEM, on rencontre Edmond Albius, le garçon créole qui sur l’île Bourbon (devenue La Réunion) a découvert comment fertiliser la vanille sans pour autant gagner en notoriété ni s’enrichir.

La mémoire délavée / Mercure de France, 17,50 €
Natacha APPANAH, autrice qui vit à Paris, fouille la mémoire familiale, photos noir & blanc à l’appui. Elle partage ses souvenirs à l île Maurice auprès de ses grands-parents analphabètes, descendants de coolies venus d’Inde.

Et vous, quel.s. titre.s nous conseillez-vous ?
Livresquement vôtre,

Véronique ML

Avant les vacances, au collège Louis Vuitton à St Triviers de Courtes ( Ain) , des 4e offriront à leurs camarades et leurs professeurs la lecture – version Livralire – de l’album de Timothée de Fombelle : Quelqu’un m’attend derrière la neige (1.2.3 albums #15).

Considérant cette lecture partagée comme une gourmandise, un jeune propose de l’appeler « lecture sucrée »  plutôt que lecture épicée !

Chacun des huit albums de la sélection 2023-2024 (la 18e) est introduit par un monologue prononcé par le héros ou l’héroïne, après que son portrait ait été exhibé au public. Il ou elle se présente et amorce son histoire avec un objet emblématique.

Cette mise en bouche, dite prélude, peut être jouée en solo ou en duo comme dans la vidéo ci-dessus. Elle peut aussi être polyphonique avec huit narrateurs, un par album, qui concluront ensemble ou non.
Dans le public, on a deux complices et le ou les musiciens selon que l’on opte pour un instrument ou plusieurs.

Les portraits et/ou les objets pourront ensuite être utilisés pour :
– annoncer un rendez-vous lecture.
– mémoriser les albums au fur et à mesure des lectures collectives par la constitution murale de la galerie des personnages.
– évoquer les albums en lice, juste avant le vote pour ses trois titres préférés. On pourra faire piocher un objet (du prélude) et demander au public de l’associer à l’album correspondant, en expliquant pourquoi.
VML

A Albi, le lancement 1.2.3 albums a été animé par un duo de bibliothécaires de la Médiathèque Départementale : Natacha avec son thermos / besoin de chaleur par les temps qui courent. Sandrine jamais sans ses baskets / la course à pied pour s’aérer et se lancer des défis.

En union avec Céline, la correspondante en titre du projet qui avait bien avancé la préparation de la matinée jusqu’à ce que son épaule fasse des siennes. Elle n’était pas là, jeudi 7 décembre, mais sa tasse Dom Robert si !

Et en pensée avec Sylvie, l’ancienne sous directrice à l’initiative des voyages-lecture dans le réseau des bibliothèques du Tarn.

Auxerre, ENSPE, 30 novembre 2023.  Journée  historique : ma dernière formation 1.2.3 albums. Je suis accueillie chaleureusement par Caroline, sacrée lectrice depuis la plongée chez Roald Dahl dans l’enfance. Elle et ses collègues professeures forment des futurs enseignants qui embarquent dans le voyage-lecture des classes volontaires.

Dans la salle, des curieux, des novices, des inconditionnelles qui tirent de leur longue expérience, les enseignements suivants :

  • savoir se mettre en retrait pour donner la parole à son public.
  • ne pas avoir peur des livres aux thématiques délicates. Le renvoi à des situations vécues peut être libérateur. Exemple, cette jeune syrienne mutique qui, comme soulagée du poids secret de son histoire, prend la parole après avoir entendu l’histoire de Malala.
  • utiliser les lectures épicées pour briser les freins de lecture. Comme dit ce prof : » je n’aurai pas parié sur Regarder les mouches voler avec les personnages- singes, la typographie pastel et minuscule mais au final, quel album ! »
  • embarquer, en tant que bibliothécaire, des personnes en marge comme des handicapés et des apprenants, c’est formateur. On gagne en simplicité et en ouverture d’esprit.
  • offrir les lectures d’album à des adultes, c’est leur donner l’occasion de ressentir des émotions comme cette dame, émue aux larmes (et heureuse, dira-telle) en découvrant l’histoire de Nicky & Vera.
  • sentir son public suspendu à ce qu’on lit, c’est d’une intensité incroyable.

VML

Sous l’oeil malicieux du lapin d’Edouard Manceau, les deux bibliothécaires de la Médiathèque de l’Allier, correspondantes d’1.2.3 albums.

Anne-Marie aime les paniers qui lui font penser à ses grands-parents. Pour aller dans les bois, elle prend le petit modèle.  On la prend pour le Chaperon rouge mais elle ne va qu’aux champignons.

Le martin-pêcheur sur la tasse que tient Françoise lui rappelle qu’il faut être présent à ce qu’on fait (comme l’animal quand il pêche !). C’est un cadeau d’une stagiaire qui est devenue une bibliothécaire jeunesse passionnée et une amie !

Aveux de participant.e.s :
« La sélection de la saison # 18 est plus abordable pour les publics en difficulté.  »
« Cette journée est une respiration dans ma semaine de prof ! »
« Il y a toujours un album qui me plait moins. Mais il n’y a aucun où je suis resté bloquée. »
« J’ai découvert un univers ! »

Avec en fond, la plainte lancinante, à haute voix de Stéphane, du foyer des Ecureuils à Ebreuil, établissement qui voyage depuis 12 ans et dont une délégation assiste à la matinée de lancement :
« Qu’est-ce qu’on va faire sans vous ? »

VML

Mardi 21 novembre 2024, pour la 6e année consécutive, Antonin Bonnot a filmé et enregistré à Beaune, le prélude et trois lectures épicées. Il va monter les vidéos dans les jours à venir. Celle du prélude sera disponible lundi 28 novembre. Merci pour votre patience.

Dernier tournage ensemble. Emotion et évocation : la bonne humeur, les rires, les reprises, la grande convivialité avec ceux qui se prêtaient au jeu, les adultes et les ados qu’on pouvait associer quand on tournait pendant les vacances de Toussaint.

J’avais misé sur le bon apprenti « cinéaste », de la première promotion des Ateliers du cinéma Claude Lelouch, que j’avais repéré à une rencontre intergénérationnelle à l’hôpital de Chagny ! Il débutait avec la caméra. Surtout il accordait aux collégiens et aux ainés une attention touchante, surprenante de la part d’un grand jeune homme de 18 ans !

Marie Christine, présidente de Livralire, a traduit spontanément en vers notre reconnaissance pour ses qualités professionnelles et humaines.

On se quitte au moment où il entre dans la cour des grands : il sort d’un tournage avec le réalisateur François Ozon. On s’en réjouit !

VML

A Belfort, lancement dans l’intimité avec :
– Véronique, directrice de la bibliothèque départementale et Virginie, bibliothécaire correspondante 1. 2. 3 albums, qui ont longtemps animé les voyages-lecture enfance « Livralire » dont les valises continuent à être proposées au réseau.

– Quelques voyageuses convaincues, désolées que le dispositif s’arrête, et des nouveaux intéressés, tous rassurés de savoir que les kits d’animation des dix dernières années seront accessibles au printemps 2024.

Une documentaliste nous dit qu’elle a lu dans un récent sondage que 79% des adolescents aimeraient qu’on leur lise des histoires. Bonne raison d’utiliser les albums pour des lectures intimes (en solo et en duo) ou collectives.

Une bibliothécaire me confie qu’elle apprécie ces journées de travail autour des albums, toujours différentes.

Une autre avoue qu’elle y puise de l’énergie pour travailler et faire face aux freins de toutes sortes qu’elle rencontre dans son équipe et chez ses partenaires.

VML

La Médiathèque Côte d’Or soutient et développe 1.2.3 albums depuis 2010. Le développement a été spectaculaire grâce à la conviction et l’énergie d’un trio de bibliothécaires qui, comme on le voit sur la photo, se sont prêtées au jeu de l’objet préféré. Un casque de vélo pour Nadine qui a adopté ce moyen de déplacement pour le plaisir, la santé et la planète. Une mini tortue pour Anne : celle qui dormait sur la tablette de la salle de bains de sa grand-mère et qu’elle a installée pareillement dans sa maison. Son nounours de 45 ans pour Aline.

Nadine, directrice adjointe, a introduit la journée en faisant un bilan de ces treize années. La MCO possède maintenant 138 titres d’albums « grand large » (en plusieurs exemplaires) et aura embarqué au total 637 établissements culturels, éducatifs, sociaux ou médicaux. La fin de Livralire ne soldera pas l’aventure. A la MCO d’inventer une forme de continuité. Ca cogite déjà !

Dans la nombreuse assistance :
– Un dynamique quatuor du collège d’Is-sur-Tille, dont une dame qui, à côté de son poste d’AESH, anime un atelier d’initiation à la langue des signes. L’an passé des jeunes de SEGPA, tout petits lecteurs, ont signé, avec succès et plusieurs fois, l’album L’expédition.

– Flore, grande voyageuse. Dans l’Ehpad où elle est animatrice, les résidentes s’inquiétaient de ne pas voir arriver de nouveaux albums. Flore les rassure en  leur disant qu’elle viendra à Dijon les découvrir le 14 novembre.  Et les dames de lui dire ces derniers jours : « Surtout, vous n’oubliez pas mardi » !

– Un documentaliste qui évoque le voyage intergénérationnel entre une classe de 3e dite solidaire et une maison de retraite où il avait prêté un pack d’albums. Au moment de les récupérer, il en manquait un. On finit par le retrouver sous le matelas d’un vieux monsieur qui adorait le livre et aurait tellement aimé avoir un exemplaire !

– Des voyageurs débutants et des voyageuses aguerries. Quelques-unes ont profité de la rencontre pour me remercier pour cette belle et longue aventure de lectures partagées et me gâter avec des fleurs, un bon d’achat dans une librairie, un bouquet en papier (cliquez sur la magnifique création de Sabrina). J’en suis encore toute  tourneboulée. On publiera en temps voulu sur ce blog le panégyrique illustré, plein de finesse et de drôlerie de Sylvie, Véronique et Sophie, qui reprend quelques-uns des 180 albums proposés par Livralire depuis 2007.

N’anticipons pas (trop) les adieux. Vivons à fond la dernière saison.
VML

Virginie et Marion de la médiathèque de Mâcon accueillent 1.2.3 albums, le 10 novembre. En clin d’œil au prélude, elles ont partagé leur objet préféré du moment. Les trésors (un caillou, un marron) de son fils pour la première, la carte du Canada où la deuxième a la moitié de son coeur.

La salle est comble avec des candidates au voyage de Saône-et-Loire et d’autres venues de l’Ain, « abandonnées » par la BDP du département qui ne souhaitait plus soutenir 1.2.3 albums.

A mon invitation, trois voyageuses, deux expérimentées et une novice, témoignent de l’impact « social » de la lecture partagée avec les ainés.

En Bresse, une résidente d’un Ehpad s’effondre en larmes quand, à propos d’une nouvelle de Regarder les mouches voler, sont évoqués les enfants. Elle n’en a pas eu. Les langues se délient. Elle comprend qu’elle n’est pas seule à souffrir de solitude familiale. Ce n’est pas parce qu’on a eu des enfants qu’ils vous entourent dans la vieillesse. Une grande émotion est palpable. Elle touche et relie les résidentes.

Dans ce foyer logement, chaque mardi matin une douzaine de dames partagent des textes ou des albums autour de Marie-Christine. Les échanges qui suivent ont renforcé les liens entre les auditrices. Les vieilles dames s’invitent plus facilement dans leur petit appartement, papotent plus volontiers avec les uns et les autres dans le salon du hall trop souvent silencieux. La directrice est témoin du gain de convivialité dans son établissement.

A l’Ehpad de Semur-en-Brionnais, Murielle l’animatrice est une très grande voyageuse dans les albums.  Elle aurait mille choses à dire.  Elle nous parle d’un résident de 63 ans – le plus jeune des pensionnaires – un marginal, violent, terreur des villageois puis des résidents. Le jour de la découverte de l’album Les rides, l’homme s’effondre en larmes Il se confie : « je ne suis pas ridé. Je suis balafré. Depuis l’enfance, je suis le vilain petit canard » et de raconter sa vie d’exclu. Le groupe – 15 résidents et les soignants – reste coi. Le masque du monstre est tombé. Son intégration est enfin possible.

Confidence en apparté. Un prof de lettres a croisé trois anciens élèves, devenus adultes. Comme ils évoquaient leurs années collège, ils ont dit : « ce qui reste inoubliable, c’est 1.2.3 albums ! »

VML