Deux classes de CAP 1ère année « Aide à la personne » ont assisté à la scénographie jouée par les bibliothécaires de Sens. Parallèlement aux lectures individuelles pratiquées notamment pendant l’heure d’étude hebdomadaire, une des classes a décidé de créer « un livre pour se livrer » autour du thème du lycée.

Au CDI, accompagnés par leur professeur de lettres, l’AVS et moi-même, les jeunes, par groupe de trois, ont choisi un album ressource dans lequel ils ont pioché des idées, des phrases, des illustrations.

Au bout de deux heures, se sont dégagés des thèmes comme :
le harcèlement à partir de Ruby tête haute,
la relation profs-élèves  à partir du Maître d’école,
le lycée durant la guerre inspiré du Jardin du dedans-dehors.

 

Une envie de dessiner est née avec Le labyrinthe de l’âme et Mille dessins dans un encrier.

Frédérique Germanaud, auteure en résidence à Sens, qui a déjà rencontré les élèves au début de l’année pour un atelier d’écriture stimulant, les amènera en mai à produire des fragments poétiques à partir des matériaux récoltés.
Ce public peu enclin à la lecture s’est pris au jeu de l’écriture !

Corinne Mazuir, professeur-documentaliste, Lycée Professionnel Rural Privé de Ste-Colombe à St Denis-les-Sens (89)

Nous, l’équipe de français et l’équipe de la médiathèque de l’ESPE Yonne, avons organisé mercredi 6 mars, un apéritif littéraire qui a beaucoup plu aux participants : futurs professeurs des écoles, enseignants et collègues formateurs du 1er degré. L’invitation à cet apéritif était imprécise à dessein. Nous avions simplement évoqué la présentation d’albums et le partage de quelques gourmandises. En découvrant les pupitres, certains ont presque cru à une conférence ! Au menu, 2 lectures épicées : Un air de liberté à Congo Square et Une Somme de souvenirs.

Après la première lecture, un peu de surprise, beaucoup de plaisir et de nombreuses questions sur l’opération 1,2,3 albums. Tous les albums étaient exposés sur une table : entre les deux lectures épicées, les participants ont pu boire, grignoter et feuilleter les albums.


Une Somme de souvenirs a permis d’intégrer le public dans la lecture. Tout le monde s’est prêté à l’exercice avec plaisir. Certain(e)s ont profité des petits cartons mis à disposition pour écrire leur propre souvenir, que nous avons ajouté à « l’arbre aux souvenirs ». D’autres nous ont confié avoir trouvé dans les lectures des idées pour leurs propres scénarios pédagogiques ; les enseignantes d’histoire ont été particulièrement intéressées par Congo Square.

Un moment convivial et sympathique que nous renouvellerons au moment du vote en essayant d’associer des étudiant(e)s volontaires à d’autres lectures épicées.

En attendant, un coin lecture confortable a été installé à la médiathèque pour permettre à tous les lecteurs de découvrir les albums. Et dans le cadre d’un module de français, 2 groupes d’étudiants, absents lors de l’apéritif ont à leur tour découvert et mis en œuvre les lectures épicées de Congo Square et Une Somme de souvenirs pour leurs camarades.

Caroline Raulet-Marcel, enseignante à L’Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education – Auxerre (89) 

Depuis sept ans que Livralire imagine pour chaque album du voyage-lecture intergénérationnel une lecture à voix haute imagée et participative, dite lecture épicée, trois choses sont sûres !
– Ça éclaire le sens des histoires et met de fait les albums, notamment les bavards ou les déroutants, à la portée des tous les voyageurs.
– Ç’est une rampe de lancement pour les échanges.
– Les participants de tout âge peuvent s’en emparer et devenir des acteurs de lecture.

Exemple 1 : A Leyment (01)  à l’issu de la scénographie, chacune des 11 classes participantes, collège et primaire, a choisi un album à présenter à deux ou trois classes, au printemps, sous la forme de son choix, reprenant ou non la trame des lectures épicées de Livralire.

Exemple 2 : Au collège de Talant (21), 7 élèves de 6e ont été choisis pour jouer La princesse aux 1001 perles et Une somme de souvenirs, une dizaine de fois :
– En janvier à des CM venus passer une heure au CDI dans le cadre de leur journée découverte du collège. Le succès a été tel que les instituteurs-trices qui ne connaissaient pas encore 1, 2, 3 albums ont demandé à avoir les fiches techniques pour que les primaires les jouent à leur tour devant leurs familles en juin. Avec l’idée d’embarquer l’an prochain aux côtés de leurs collègues du premier degré, voyageurs assidus.
– En mars à leurs camarades de 6e et 5e engagés dans 1, 2 3 albums, aux côtés de seniors de la ville « recrutés » par la bibliothèque et le service senior de la ville.
L’équipe de « comédiens » a ajouté sa note personnelle avec des accessoires. Ils ont été dispensés de cours en accord avec l’équipe pédagogique, sachant que, bons élèves, ils les rattraperaient très facilement.

Exemple 3 : A Givry (71), des résidents du foyer-logement ont préparé pour les élèves de CM2 avec lesquels ils voyagent, la lecture polyphonique de La princesse aux 1001 perles en matérialisant même le fameux collier récupéré grâce aux animaux. A noter que le monsieur  qui connaissait par coeur son rôle d’archer, aurait aimé avoir un rôle plus important !

VML

A Leyment, dans l’Ain, 11 classes ont embarqué dans 1, 2, 3 albums : 7 classes du collège (6e, 3e, Ulis), 3 trois classes du primaire et une unité d’enseignement. A l’issu de la scénographie, présentée d’abord à la communauté éducative puis aux élèves, chaque classe a choisi une lecture à préparer sous la forme de son choix, inspirée ou non des lectures épicées fournies par Livralire. Elle sera jouée ce printemps à deux autres classes selon un planning précis.

Dans le cadre du cours de technologie, des élèves de 3e ont imaginé des fiches-étape (fournies avec un guide) pour recueillir les impressions des voyageurs après ces dégustations-lecture.
Chaque album est considéré comme une destination. La compagnie organisatrice est la classe qui offre la lecture, ceux qui en profitent donnent leur identité de voyageur.
Les modèles de fiches sont transmis aux enseignants qui les photocopient pour leurs élèves. Ainsi chaque jeune aura son propre carnet de voyage.
L’enseignant en fera une synthèse et fournira à Emilie, la documentaliste coordinatrice et animatrice très active d’1, 2, 3 albums, une page par livre.
VML

Depuis plusieurs années, l’accueil de jour d’Hurigny où je travaille, participe à 1, 2, 3 albums en jumelage avec l’accueil des Saugeraies à Mâcon (71).  Ma collègue, ayant jugé le contexte du Jardin du dedans-dehors trop difficile et les illustrations peu attirantes pour les adultes en situation de handicaps, j’ai choisi de jouer à nos deux groupes réunis la lecture épicée proposée par Livralire. Bien sûr notre public peine à retranscrire les histoires écoutées et à se rappeler de détails. Mais il peut être touché par le thème.  Ainsi, la lecture de cet album a lancé le débat sur la politique, la religion et libéré la parole sur les barrières à franchir, qu’elles viennent de la famille, des éducateurs ou de soi-même. Exemples :

Angélique confie ses difficultés d’élocution qui font qu’elle avait peur de prendre la parole en public. Elle a suivi des séances d’orthophonie, et avec son courage, elle fait maintenant partie d’une chorale, où elle chante même une chanson en quatuor.

Eve, témoigne de la peur des éducateurs qu’elle se rende seule à son cours de dessin. Aidée d’un ami, elle s’y est rendue sans problèmes et sans éducateurs !

Le manque d’accessibilité est un obstacle difficile à surmonter pour nombre d’entre eux. Un monsieur s’est même vu refuser la montée dans un bus. Il n’ose plus le prendre seul. Cathy avait l’envie de devenir plus autonome dans sa vie quotidienne, mais elle appréhendait de prendre le bus. Non sans mal, elle a vaincu sa peur. Aujourd’hui, elle se déplace seule dans la ville. Une de ses grandes joies est de pouvoir se rendre seule à la médiathèque et de profiter d’un temps de liberté dans ce lieu.

Et le groupe de conclure : « Notre mur a quelques briques de plus que le vôtre, mais quand il est franchi, c’est une grande satisfaction ».

Delphine  

Pour fidéliser les publics non captifs, aux rendez-vous lecture, voilà une idée qui a déjà fait ses preuves : faire passer au courrier (boîte aux lettres, chambre, main à la main à la fin d’une rencontre) une invitation, éventuellement manuscrite, qui annonce la prochaine lecture, en indiquant lieu et heure. Exemples d’accroches, avec ici pour mémoire en italiques, le titre correspondant :

Mardi 5 mars, venez, faire un tour au vide-grenier de la rue Little. Monsieur Wilson a des choses peu banales à vendre ! Une somme de souvenirs.

Le mardi 12 mars : déambulation dans les rues de Paris avec trois enfants auxquels un artiste généreux apprend à regarder et dessiner. Mille dessins dans un encrier.

Question du 19 mars : le dimanche est-il un jour comme les autres ? Un air de liberté à Congo square

Le 26 mars, séquence évasion : randonnée à cheval avec Kouliney à la recherche de perles de sagesse. Princesse aux 1001 perles.

Question du 2 avril : un enseignant peut-il nous faire aimer l’école ?  Le maître d‘école.

Invitée du 9 avril : Ruby Bridges, première enfant noire admise à l’école des blancs aux Etats-Unis en 1960. Ruby tête haute.

Surprise du 16 avril : rencontre improbable dans un jardin merveilleux. Le Jardin du dedans-dehors.

Mardi 23 avril, séquence sentimentale. Nous sommes traversés par des sentiments agréables comme la joie, violents comme la colère, angoissants comme la peur, déstabilisants comme la surprise. On en partagera chacun une, bonne ou mauvaise. Le labyrinthe de l’âme.

VML

Pour ceux et celles qui voudraient la partager, voici une déclaration d’intérêt pour la lecture de Christine TAUBIRA, qui avait été lue aux lancements  d’1, 2, 3 albums à l’automne 2018.  

Les hommes et les femmes qui décident de consacrer des nuits et des jours, des ans et des sueurs du front et de l’âme, à écrire des romans ou des récits, des nouvelles ou des contes, des poèmes ou des fragments, fictions ou confessions, le font pour nous parler. Quoi qu’ils disent. Y compris les grincheux. Ils entrouvrent leur monde même lorsqu’ils croient se barricader. Et, se livrant, ils nous livrent un peu à nous-mêmes. Ce chemin n’est ni le plus droit ni le plus court.

Car les livres nous réveillent, nous bousculent, nous désolent ou nous réconfortent. Il arrive qu’ils nous confortent simplement. Souvent, ils bougent avec nous, nous disent les choses différemment avec les mêmes mots et les mêmes enchaînements à des moments différents de nos vies, ils nous fouillent, nous éclairent, nous sauvent des naufrages. Ils nous préparent aux déconvenues et nous préviennent qu’il faudra parfois serrer les dents. Ils entassent la paille pour amortir les chocs à venir. Ils brassent l’air pour dégager la vue. Ils nous racontent toutes sortes d’histoires. Des vraies, des fausses, des arrangées, des vraies parce que possibles, vraies parce que belles, vraies parce qu’énigmatiques, vraies parce que sans fin, vraies parce que nous parlant subrepticement d’une inquiétude, d’une joie, d’une aventure, d’un malheur qui nous sont advenus. Ou de quelque embarras qui nous taraude. Ou d’un impossible à concevoir. Nous ne savons pas toujours que nous sommes grâce à eux caparaçonnés d’esprit et d’ardeur pour déjouer les pièges çà et là dispersés sur nos routes par les aléas de la vie.

Extrait p 163-165 de Baroque sarabande  (Philippe Rey, 2018, 9,80 €)