A la bibliothèque de Noiron-sous-Gevrey (21) qui dessert  4 communes  (Epernay sous Gevrey, Broindon, Savouges et Noiron) représentant au total 1800 habitants au Sud de Dijon, j’ai adopté depuis plusieurs années, la formule du voyage-lecture  pour les petits de la maternelle comme pour les plus grands de l’école élémentaire et les adultes.

Pour faire d’1, 2, 3 albums un vrai projet lecture intergénérationnel, je m’appuie sur le facteur proximité à chaque étape :
1/ Nos locaux étant mitoyens avec ceux de l’école et les enseignants très impliqués,  je propose à des élèves de CM1 et CM2 de préparer la scénographie. Quand les volontaires sont trop nombreux, les enseignantes doivent se résigner à un tirage au sort. Une fois la scénographie expliquée à ce comité de présentateurs, les élèves s’engagent à lire intégralement l’album correspondant à leur partie. Nous travaillons et répétons sur trois à quatre séances.

 

 

 

 

 

2/ Dans le même temps, chaque élève de la classe prépare une invitation personnalisée et signée à transmettre  à un senior de son entourage. Cette année, les enfants ont réalisé une carte qu’ils ont portée au domicile du destinataire choisi autant que possible dans leur rue (merci aux parents qui jouent le jeu et accompagnent les enfants dans la démarche). Une maman a d’ailleurs salué notre initiative : « On se contentait d’un petit « bonjour » avec le vieux monsieur du quartier.  Ma fille était très heureuse de pouvoir l’inviter à la présentation pour le connaître un peu mieux » !

3/ Touchés par l’invitation nominale, les seniors viennent en nombre assister à la scénographie. Cette année sur 48 invitations lancées, 30 personnes ont répondu présents, des habitués et des nouveaux. Une dame nous a dit en arrivant : « Je ne sais pas comment vous avez eu mon adresse mais merci, je suis ravie d’être là ». Ils ont adoré notre petite carte. Ils nous apportent toujours quelque chose (bonbons à partager, lampe à huile, aquarelle…).

    

4/ La scéno est brillamment jouée par les élèves, les plus de 60 ans sont conquis. Après la scéno on parle des objets des livres. Jean ne pouvait pas être présent, il nous a fait passer une vieille lampe à huile et Bernard s’est gentiment proposé pour expliquer aux enfants comment elle fonctionnait. Françoise, ancienne institutrice, nous a confié que chaque lundi matin, elle passait devant chaque table avec son bidon pour remplir  l’encrier de chaque élève de sa classe. Les enfants échangent avec les adultes sur leurs réalisations autour du livre Le labyrinthe de l’âme.

5/ Je propose ensuite à des seniors de préparer avec moi et à tour de rôle les lectures épicées qu’on jouera aux jeunes dans le cadre des visites bi-mensuelles qu’ils font à la bibliothèque. Une dizaine d’entre eux repartent avec un  album.

6/ On se retrouvera tous pour le final. Les CM1 CM2 prépareront la mise en scène de deux livres choisis dans la sélection et les plus de 60 ans sont chargés de nous apporter un souvenir.
Sabrina, bibliothécaire à Noiron-sous-Gevrey

A la médiathèque Lucien Brenot de Chevigny-Saint-Sauveur (Côte-d’Or), nos tentatives pour   faire venir des adultes voir la présentation d’1, 2, 3 albums ayant jusqu’ici échoué, on a décidé de la proposer en janvier dans le cadre de la manifestation nationale en faveur de la lecture. Bien nous en a pris !

Les adultes, venus souvent en famille, ont goûté attentivement la scénographie. Curieux, ils ont demandé en quoi les albums étaient intergénérationnels et, dubitatifs, quel était le lien entre les sentiments annotés et les textes.

Si le label français « Nuit de la lecture » fait lever la méfiance envers les albums considérés à tort comme des livres de l’enfance, autant en profiter !
Françoise Igolen & Sarah Roblet

PS  :  A Sens (89), la médiathèque a programmé pour la 3e année consécutive 1, 2,3 albums dans le cadre de la Nuit de la lecture. La lecture-spectacle de présentation des albums est devenu un rendez-vous incontournable pour les familles.

Quatre  années de suite, les mêmes collégiens du collège Saint Dominique de Chalon ont  participé à 1, 2, 3 albums avec les mêmes seniors de la résidence Lauprêtre.  Accompagnés des documentalistes et des animatrices, ils ont partagé les lectures,  échangé des mails, discuté, se sont invités à des repas et ont partagé des cadeaux.

En septembre  2018, les jeunes sont entrés au lycée. Les ainés se sont sentis orphelins. Comme ils ont pris goût aux textes illustrés et aux rencontres intergénérationnelles, ils entendaient continuer.

Une page se tourne, une autre commence. Le 14 janvier 2019,  la moitié des résidents sont montés au collège pendant  trois heures.

Avec 10 élèves de 6e,  ils ont assisté au CDI à la scénographie de présentation des albums qu’ils ont dans la foulée feuilletés en binôme avant de partager un déjeuner par tables de quatre : deux jeunes, deux seniors.  Les binômes se sont constitués naturellement pendant ce temps riche en émotion.

Ils se retrouveront pour quatre lectures épicées puis le vote.

A Givry (71), comme aucun enseignant de CM ni du collège ne voulaient embarquer dans 1, 2, 3 albums en jumelage avec les seniors, on a repris l’idée de l’an passé de « faire » de l’intergénérationnel « autrement ».

Les dames de la résidence des Sept Fontaines qui participaient à 1, 2, 3 albums dans le cadre d’un atelier lecture hebdomadaire, ont été invitées, en février et mars à rejoindre à la bibliothèque la classe de CP/ CE1 de Monsieur Michon (Ecole Lucie Aubrac) pour deux dégustalivres sur le thème des monstres et de leurs cousins : animation proposée par la bibliothèque avec une sélection et une trame d’animation fournies par Livralire.

Chaque groupe a lu de son côté les livres de son propre pack : les albums grand large pour les vieilles dames, le panier de monstres & cousins pour les enfants. On a prévu de se retrouver avant les grandes vacances.
En juin, à la bibliothèque, les enfants ont joué leur livre préféré, Le dragon du jour de l’an  (LAFOND, Circonflexe). A suivi la lecture d’Adam Rainer que Jacqueline, Henriette, Gigi et Madeleine avaient choisie, arguant que son incroyable histoire qui pointait une erreur de la nature, était accessible aux enfants. La lecture épicée d’origine avait été aménagée et le texte allégé, donné à chacune des quatre lectrices pour une  première lecture individuelle dans leur appartement avant deux répétitions avec travail sur les intonations, repères pour bien se caler, etc. La directrice de la résidence a suggéré de faire une toise pour visualiser les différentes tailles d’Adam.

Le jour J, 30 minutes avant l’arrivée des enfants, sur place à la bibliothèque, a lieu la générale avec un bon fou-rire pendant le strip-tease collectif pour s’habiller de noir. Les enfants ont suivi la présentation avec les yeux grands ouverts, ils ont posé beaucoup de questions, ils avaient du mal à croire que ce soit un fait réel.

Depuis, l’enseignant nous a dit que l’album, donné en cadeau, avait rencontré beaucoup de succès dans sa classe et qu’il vivait maintenant dans les familles. Quant aux ainées, elles étaient aux anges ! Jacqueline,Henriette, Gigi et Madeleine espèrent bien recommencer l’année prochaine, même Henriette, qui était impliquée pour la première fois et qui a tendance à se dévaloriser.
Marie-Christine Defaut, présidente de Livralire et Sophie Bossut, responsable de la bibliothèque de Givry

A Favargny en Suisse, le hasard (ou des autorités éclairées, ça arrive !) a placé à proches l’un de l’autre deux établissements importants, deux lieux de vie que tout semble opposer : l’école secondaire et le home pour personnes âgées. Et il arrive que ces deux mondes en plus de se côtoyer, se rencontrent vraiment dans un beau partage, et que des liens magnifiques se créent entre ces deux mondes.

Abigaël, Gabriel, Deborah, Sylvie, Anna, Lana mais aussi Joris, Loïc, Justine, Tamara et Camille occupent leur pause de midi pour visiter quelques résidents et partager un moment de lecture.

Proposée et organisée par la bibliothèque en collaboration avec le service d’animation du Home, l’activité 1, 2, 3 albums offre une aventure de lectures solidaires. Huit albums, magnifiquement illustrés, pas trop longs à lire, mais présentant toujours un intérêt historique, artistique, philosophique, sociologique, etc… sont proposés aux jeunes. Chacun va alors les lire à un résident et partager quelques réflexions à ce propos.

Il faut voir le grand sourire et le visage qui s’illumine, quand Mme Piccand reconnaît Anna, l’élève qui va passer un moment avec elle. Car pour eux, c’est un moment intense, une vraie rencontre. Les jeunes prennent un peu de leur précieux temps pour le leur consacrer : c’est le printemps qui entre dans leur chambre, c’est la  jeunesse qui redonne un élan à leur vie, c’est le signe qu’ils ne sont pas complétement oubliés et que leur existence compte encore un peu. Anna reviendra huit fois, ainsi les deux générations pourront s’apprivoiser et une véritable amitié naîtra.

Pour les jeunes, c’est aussi une belle expérience : le plaisir de partager la passion de la lecture, la satisfaction d’aider, de se sentir utile. Toute rencontre est joie et ces jeunes savent que les aînés ont certainement des enseignements qui vont les aider à trouver un sens dans ce monde si complexe et si chaotique. Comme le relève un élève : « J’aime les personnes âgées, car elles ont beaucoup d’histoires. »

Christian CONUS

A Sens (89), le voyage-lecture dans les albums, orchestré par Christelle et Josiane, des bibliothécaires adulte et jeunesse de choc, remporte toujours le même succès auprès d’un large public. Le vote est l’occasion de se rencontrer et de partager des créations réalisées par chaque groupe de lecteurs, jeune ou adulte. Le nombre de participants est tel que le final a été scindé en trois séances, les deux premières entre des CM2 et des collégiens, étant ouvertes aux parents.

A la troisième rencontre, le jeudi 24 mai 2018, environ 180 personnes étaient réunies dans la salle jeunesse de la médiathèque Jean-Christophe Rufin. Les groupes se sont succédés sur l’estrade pour présenter leurs créations, en lien avec les albums lus depuis plusieurs mois.
Des élèves de CM2 de l’école Pierre Larousse ont fait un court exposé sur l’esclavage.

Un groupe de l’ESAT dont c’était la première participation, a présenté ses œuvres entièrement réalisées en papier mâché : les livres préférés d’Adam R. (notamment Moby Dick et sa baleine) et l’impressionnante paire de chaussures de pointure 53 (la taille a été déterminée après des recherches sur Internet) !

Les élèves de l’IME Sainte-Béate ont fabriqué des instruments de musique en matériaux recyclés comme les enfants du bidonville de Cateura et façonné des poteries à la façon de Naya.

Les résidents de la pension de famille Coallia ont chanté « La cage aux oiseaux » et « Un peu plus près des étoiles ». Ils avaient également confectionné des petits sablés en formes d’instruments de musique.


Les résidents du foyer APEIS Les Chênes Bertin avaient préparé une petite représentation théâtralisée évoquant tous les albums de la sélection, qui s’est achevée par un concert improvisé de djembé !

Avant de procéder au vote, une dame de 82 ans a pris la parole pour exprimer sa reconnaissance pour ce beau moment d’échange. Elle a remercié les groupes d’avoir partagé leurs créations. Elle m’a confié qu’elle était entrée à la médiathèque tout à fait par hasard cet après-midi-là, étant de passage dans sa famille sénonaise. Elle m’a dit avoir été très touchée par les productions des groupes et émue de voir des jeunes (et moins jeunes !) créer du lien « car il y en a bien besoin ! C’était un vrai plaisir d’être entourée par tout ce petit monde ! »

Un goûter servi dehors, sous le soleil, a ponctué l’après-midi, et permis aux différents groupes de mieux faire connaissance avant la proclamation des résultats du vote. Chapeau bas à l’équipe de Sens pour l’organisation.
Marlène François, bibliothécaire à la BDY, référente 1, 2, 3 albums dans l’Yonne

Mardi 16 janvier, nous avons, Annie Mangematin et moi, joué la scénographie à la maison des seniors de Chalon devant une classe de 6eme du collège Camille Chevalier et quelques seniors de la ville, les résidentes des foyers logements invitées ne nous ayant pas rejoints comme prévu.

L’alignement final (ses camarades tiennent les albums à bout de bras) intrigue un élève : «Quand est-ce que vous avez organisé ça ? ». Un autre s’étonne qu’il y ait 7 oiseaux et 8 livres. Chaque oiseau est alors posé sur l’album qui lui correspond, et l’on voit bien que les oiseaux de Théophraste ne sont pas encore rentrés de leur collecte de nouvelles du monde !

Des lectures partagées par petits groupes de deux ou trois suivent. Le seul monsieur présent (en dehors de l’enseignant) a invité un garçon à regarder avec lui les Robinsons de l’île Tromelin, fier de le guider dans cette histoire vraie qu’il connaissait déjà.
Une dame qui a découvert Nos plus grands rêves avec trois jeunes filles très attentives aux détails des illustrations dit, en partant : « Je ne côtoie pas de jeunes de 12 ans. C’est gai et intéressant votre façon de faire. Comptez sur moi au prochain atelier lecture! »

D’ici juin, nous aurons 3 autres rencontres intergénérationnelles, la dernière consacrée au vote, les deux précédentes centrées sur un album : Nos plus grands rêves et Bonnes nouvelles du monde.

En effet, Emmanuel, le professeur de lettres prévoit que ses élèves préparent pour les aînés un échange sur les rêves des uns et des autres (fin février), une revue de presse des bonnes nouvelles du monde (en avril). Entre temps, en classe, il lira et fera lire 5 albums en lien avec les thématiques au programme de 6ème : « Résister au plus fort » et « Récits d’aventure »Cours, Naya ou la messagère de la nuit, Les Robinsons de l’île Tromelin, L’Histoire extraordinaire d’Adam R. et L’Orchestre recyclé.

Pendant ce temps, un mardi sur deux, Annie et moi, nous lirons les albums aux seniors, en discuterons, présenterons des livres cousins et préparerons avec eux de quoi rebondir aux propositions et créations des collégiens.
Véronique M  Lombard