Sandrina VIEIRA, animatrice de l’association ACOR, a partagé les albums avec les adultes adhérents au Groupe d’Entraide Mutuelle Le Sens de la vie à Sens.

Une fois découvert Le Jardin du dedans-dehors, les participants :
– ont fait un panier d’une cinquantaine de mots tirés du texte ou d’impressions. Exemples : portail,  jardin, carpe, cigale, princesse, chie, corbeau, conférence, copain, figuier, coup de feu, cadeau, lire, sourire, mélanger, oser, prison doré, goût de sucre et de soleil, etc.

– puis ont écrit un texte poétique, récité en solo sur un fond musical, tel un slam, au final d’1, 2, 3 albums à la médiathèque de Sens.

 Dedans-dehors le jardin

C’était dans un pays lointain / Dans un jardin sauvage / Où la guerre n’y était pas / Protégé par un portail de fer

Un mur de frontière sans barreaux / Préservé par une enchanteresse / Dans les bras de maman / Aidé de ses garçons aux mains chaudes

Un jardin aux herbes folles / Où explosent les cigales et les corbeaux / Prêt des fontaines et des grands platanes / Des carpes de 100 ans et de nos amis les chiens / Chanté par une conférence de tentacules osés

Un échange de sourire / Enfermés de vérités /La poitrine aux mots perdus / De garçons seuls au monde / Aux coups de fer révolutionnaires

Un beau cadeau de la nature / Au goût de sucre et de soleil /La soie d’un frisson doré /Mélangé de secret englouti

Une conférence de pigeons musiciens / Où courent tous ensemble dans un coin secret / De prince et de princesse sans peur

Un beau cadeau de la nature / Au goût de sucre et de soleil /La soie d’un frisson doré / Mélangé de secret englouti

La même démarche créative a été proposée pour Mille dessins dans un encrier.

Une somme de souvenirs m’a semblé une bonne occasion de stimuler et plus encore valoriser ce qui fait défaut aux anciens : la mémoire.

J’ai consacré cinq séances à cet album avec des personnes qui résident chez eux ou en collectivité, fréquentent le club du 3e âge « Le tambour d’argent » à Sens, plusieurs ayant des troubles cognitifs ou les premiers signes de perte d’autonomie.

Séance 1 : lecture de l’album et explication de l’aspect imaginaire qui n’a pas été immédiatement saisi.

Séances 2 et 3 : recueils de souvenirs intimes. Exemples : La paire de bottes achetée avec le premier salaire mais choppée par la mère / L’apprentissage de la couture / Les étés sans un seul jour de vacances / Le certificat d’études en 1940 et l’entrée à la biscuiterie Beuffe / Une vision époustouflante sur la chaîne des Pyrénées qui augurera de nombreux voyages…

Séances 4 et 5 : explication et réalisation des boîtes à souvenirs (boîte bicolore avec un indice visuel et textuel du souvenir tapuscrit à l’intérieur) avec rappel à chaque séance de ce que c’est 1, 2, 3 albums !

Voilà comment des souvenirs, insignifiants aux yeux des autres, ont pris  une valeur inestimable. En exposant les boîtes à la médiathèque de Sens, on a décidé d’inviter les visiteurs et admirateurs potentiels à glisser un souvenir dans une urne.

Cédrick NOE, animateur

A l’Ehpad de Semur-en-Brionnais (71), l’album Mille dessins dans un encrier plait beaucoup, l’histoire s’enchaîne facilement, elle est simple à comprendre et les images sont parlantes.

Un résident dit : Très beau livre qui permettra aux enfants de se rendre compte qu’il n’existe pas que les téléphones portables ou tablettes tactiles, que l’on peut encore s’occuper en observant la nature et en dessinant ! 

Emus ou fiers, certains se découvrent des passions communes pour l’art. Un monsieur nous confie qu’il dessinait tout le temps quand il était à l’école, notamment le samedi après-midi où il avait classe ; nous lui proposons avec une pointe d’humour de reprendre ce rituel les samedis après-midi à l’Ehpad : la perche est lancée ! Deux résidents sont très fiers de nous montrer des tableaux de leurs enfants artistes qui ornent leur chambre et qui ont été décrochés pour l’occasion.

Même intérêt chez les élèves du village à qui nous sommes allées lire l’album, accompagnées d’une résidente. Au fil de la lecture et de la découverte des images, nous entendions des « Ohhhh ! » ou encore « Ouahhhh ». On a discuté dessin, parlé de

Paris. On a proposé aux enfants de réaliser une frise collective qui sera exposée à l’Ehpad, s’inspirant ou non de l’album qu’on leur a laissé jusqu’à la prochaine rencontre. La vieille dame a été très entourée et embrassée.

Murielle DAUMUR, animatrice

A l’Ehpad de Semur-en-Brionnais, la lecture partagée d’Un air de liberté à Congo square a plu aux résidents et entrainé :
– des questions sur l’histoire de l’esclavage : réponse avec la lecture à tous des repères donnés en fin d’ouvrage.
– des commentaires : L’esclavage est aboli oui et non !  Car aujourd’hui encore beaucoup de femmes sont soumises ou esclaves de leur mari ! c’est un réel fléau…
des témoignages :
Cette histoire me fait penser au cousin germain de ma maman qui vivait en Afrique. Il possédait une plantation de café et de bananes. Il avait des esclaves sous sa coupe et faisait filer la charrette. Les esclaves trainaient les chariots et lui était posé là à les regarder, comme un prince. J’ai même une photo.

Moi, je me souviens que j’étais allé prélever des roches au sud de l’Algérie, à la limite du Mali. J’y ai vu des ouvriers Touaregs accompagnés de noirs. Ces derniers avaient une pelle et une pioche tandis que les Touaregs étaient assis et les regardaient faire ! Les noirs acceptaient leur condition : ils recevaient des ordres et se taisaient. C’était ancré.

A Sens, les résidents de l’APEIS ont magnifiquement mis en scène l’histoire des esclaves. Avec une gestuelle parlante et des décors évocateurs (le coton, les sacs, une vache et une poule en carton-pâte, un fil à linge), ils ont mimé les travaux quotidiens, agricoles et domestiques. Pour marquer la différence avec le dimanche, les acteurs ont enlevé leurs blousons. Faïma s’est alors emparé d’un micro, entrainant la foule venue à la médiathèque pour le final d’1, 2, 3 albums, à chanter Oh Happy Day puis à se lever et à danser.

A Sens, les résidents de la pension Coallia ont fait un gâteau inspiré de la double page 16 et 17 de l’album et chanté la chanson de Claude Nougaro  Armstrong, « noirs et blancs sont ressemblants comme deux gouttes d’eau « .

A Sens, des jeunes ont fait un panneau présentant les produits qui peuvent nous rendre esclaves :  le tabac, l’alcool,  les jeux vidéo, les sucreries, etc.

Au collège de Talant (21), à l’initiative de la documentaliste, d’un professeur d’anglais et d’un professeur de français, deux idées pour nourrir des rencontres entre  des 6e et  des CM à partir du Labyrinthe de l’âme.

1/ Un jeu d’association entre des smileys et des états d’âme lus puis prononcés à voix haute  : I am sad  – I am happy – I am angry…

2/ Un jeu de devinette. Sur une roue de vélo transformée en roue de la fortune seront fixés des noms de sentiments. L’équipe qui tombera sur l’un deux devra jouer une saynète pour le faire deviner aux autres.

L’album sera bien sûr aussi consulté et des extraits lus.

Après la découverte de l’album, Mille dessins dans un encrier, le projet d’une expérimentation de l’encre sur papier apparut comme une évidence.

En cours d’arts plastiques, nous avons proposé aux élèves-voyageurs de 5e et de 4e de faire une composition en trois volets à partir d’une tâche d’encre aléatoire sur un papier aquarelle préalablement mouillé, enrichi ensuite de précisions graphiques permettant la reconnaissance d’un paysage.

Ce travail a permis la découverte d’une nouvelle approche picturale dont le support offrait un vrai changement dans sa matérialité, puisqu’il était mouillé. L’encre pu alors être déposée pour créer des formes variées et des nuances riches permettant la recherche d’éléments narratifs insoupçonnés.

De l’encre de chine noire a été utilisée en 5e.
De l’encre colorée dans le niveau de 4e.

L’ensemble des productions donnèrent une grande satisfaction aux élèves, tant dans la réalisation que la contemplation de travail fini. Le tout a trouvé toute sa reconnaissance lors de l’exposition au CDI et permis aux élèves de comprendre que l’éveil visuel et la créativité venait aussi de la lecture.

Anne Million, professeur d’arts plastiques (Collège St Dominique-Chalon-sur-Saône)

Sandrine Guichard, animatrice à l’Ehpad de Marcigny (71), a découvert 1, 2, 3 albums lors d’un stage dans un Ephad voisin. Murielle Daumur, animatrice, grande voyageuse avec les résidents de l’Ehpad de Semur-en-Brionnais depuis huit ans, ne l’a pas seulement initiée. Elle la parraine, la conseillant pour préparer la scéno avec les ainés puis la jouer. Elles échangent toutes les deux sur le déroulement du voyage.

Sitôt revenue de Mâcon en novembre, Sandrine a présenté le projet à la cadre de santé de son établissement qui a apprécié le projet, lu les albums sur son temps personnel, proposé, après avoir vu la vidéo de la scénographie, de la jouer en duo.

Comme à Semur-en Brionnais, les résidents de Marcigny ont préparé en atelier les supports de la scénographie.

Résultat, mi-avril, raconté par Sandrine :

Accompagnée de ma cadre de santé, nous avons présenté le projet puis joué la scénographie. Plus de 20 personnes participaient à cet après-midi découverte. Certains enchantés, d’autres dubitatifs, ils ont tous fait preuve d’intérêt tout au long de la présentation. Une résidente à fait la « voix verte »: investie et valorisée, elle s’est désignée référente de ce nouveau projet !

Ont suivi, verres à la main, des échanges autour des albums et les possibles histoires qu’ils percevaient dans notre mise en scène. Une grande majorité de résidents attend avec impatience la première lecture, avec un engouement particulier pour « Le maitre d’école ».

Au collège de Pont-de-Vaux, Nathalie Blanc, documentaliste, a préparé pour les voyageurs-lecteurs de 6e un panier de livres « cousins » qu’elle leur présentera pendant un cours de français. (Cliquer sur le tableau pour l’agrandir)

Si l’on n’a pas les ouvrages cités (ni d’autres apparentés), on peut s’inspirer de cette démarche qui vise à alimenter l’envie de lire en prêtant des albums des années précédentes, qu’on  aura, à un moment approprié ou le jour du scrutin, exposés ou présentés, en vrac ou autour d’un fil.
Exemples : Histoires vécues / Princes et princesses / Passions (dessin, musique, sport) / Catalogues (objets, rêves, portraits)/ Dans la nature / En ville …

Le voyage lecture intergénérationnel 1, 2, 3 albums 2019 a été lancé le mardi 5 mars à la bibliothèque municipale Gérard Dubois à Varois-et-Chaignot (21).

A l’issue de notre présentation scénographique des albums, les enfants de CM1 ont choisi l’album qu’ils souhaitaient s’approprier en lecture afin de le transmettre à leur tour.

Sur quatre lundis et mardis (11 mars, 19 mars, 25 mars, 9 avril) pendant le temps scolaire et dans une salle dédiée, nous avons avec Martine transmis la scénographie des albums aux enfants, par petit groupe. Notre objectif était que chaque enfant soit acteur dans la lecture et c’est tout naturellement que chacun a trouvé son personnage, sa place dans l’histoire.

Une répétition générale a eu lieu le 29 avril à la bibliothèque avant la présentation finale lundi 6 mai 2019 devant les invités des enfants : grands parents, nounous, voisins. Ceux qui n’avaient personne à inviter ont été parrainés par des lecteurs de la bibliothèque.

Les enfants étaient motivés, investis, heureux de lire et de transmettre à un public d’adultes attentif et séduit. Cette première rencontre s’est terminée par un goûter apprécié de tous.

Rendez-vous jeudi 27 juin pour le résultat du vote avec la lecture épicée de La princesse aux mille et une perles par les enfants pour les parents.

Marie-Jo Chalimon, responsable de la bibliothèque

Pour la deuxième année, nous avons animé 1, 2, 3 albums en jumelant une petite classe de développement secondaire avec des dames retraitées de l’association Soleil d’automne. Les jeunes, très investis dans la scénographie, l’ont été moins dans la lecture et encore moins dans les échanges, car pas assez armés pour structurer un avis de manière spontanée.

Voyant cela, j’ai fait en sorte de charpenter la dernière rencontre en l’organisant en 4 étapes :

1/ Un quizz (lire plus bas). Pour aider à la remise en mémoire de chaque album (et surtout pour les obliger à participer oralement plutôt que d’attendre que le temps passe, j’ai créé un quizz en appui sur les albums et sur la scénographie. Les jeunes affrontaient les seniors avec une ardoise et une craie, par groupe afin de les obliger à se concerter et rendre des réponses vraiment collectives (à main levée, il n’y aurait eu que quelques participants !).

2/ Un bilan oral de ce qu’apporte chaque lecture. Exemples :
Mille dessins dans un encrier : un élève s’est découvert une réelle envie de peindre et l’idée est venue de faire profiter les jeunes d’une initiation à la calligraphie par une personne de l’association qualifiée en la matière.
Ruby tête haute : il est important de parler d’exclusion car c’est encore malheureusement un sujet d’actualité.
Le jardin du dedans-dehors : cette histoire montre que, malgré les murs que nous érigeons, il y a toujours un espace pour se retrouver.
Le labyrinthe de l’âme : c’est tellement fourni qu’on y perd son âme.

3/ Le vote à bulletin secret avec une urne improvisée grâce au poster fourni.

4/ Un goûter pendant le dépouillement, suivi du résultat.

Bien que les jeunes soient restés timides et distants, les vieilles dames ont été ravies et sont partantes pour l’an prochain.

Marie Karasiewicz – Bibliothèque Scolaire de Préverenges (Suisse)

Le Quiz 123 ALBUMS 2019 Lire la suite