Dans le cadre du festival Modes de vie, neuf jeunes du club théâtre du collège de Talant (Côte-d’Or), ont bénéficié de l’accompagnement d’Alexis Louis-Lucas, comédien de la compagnie Taxi Brousse, acteur d’un drôle et superbe seul en scène l’Utopie des arbres.

De novembre 2020 à février 2021, le comédien a animé des ateliers d’écriture et de mise en voix des textes produits par ces volontaires de 6e, 5e, 4e et 3e, avec au final une lecture théâtralisée partagée au collège.

A cette petite équipe si bien entraînée, Sylvie la documentaliste et Pauline, en charge du club théâtre et professeur de français, proposent de préparer trois lectures épicées. Huit élèves répondent présents. Par deux ou par trois, ils s’entrainent, se distribuent les rôles pour Kini le monde à bras le corps, Quelqu’un m’attend derrière la neige et Si je reviens un jour, endossant si besoin deux rôles différents, et prévoyant d’associer, le moment venu, pour les personnages secondaires, l’enseignant et les élèves de la classe « spectatrice ».

En accord avec l’équipe pédagogique, ils feront ces lectures devant toutes les classes de 6e, 5e et 3e, d’avril à mai, chaque semaine étant consacrée à un album.

Les élèves de la classe UPE2A (Unité Pédagogique pour Elèves Allophones Arrivants) du lycée Valéry Larbaud (Allier) ont rédigé, à la manière du photographe JR, leur portrait  illustré d’une image de leur choix.

Ainsi, les jeunes migrants  se sont fait connaître au sein de leur établissement et ont fait découvrir leur pays d’origine à leurs camarades, grâce à la carte planisphère affichée à côté de leur portrait au CDI. Cette activité pédagogique a valorisé les parcours de vie authentiques, parfois douloureux et toujours émouvants de ces jeunes allophones.

Par ailleurs, grâce à cet exercice alliant création et rédaction, chaque élève a pu travailler le lexique et la syntaxe de leur nouvelle  langue d’apprentissage.

Vous pouvez découvrir leur portrait en parcourant la carte interactive : Portraits UPEA

Prochainement, les élèves de l’UPE2A  partageront une lecture scénarisée de l’album Si je reviens un jour, (album plébiscité par nos  jeunes migrants, passionnés par l’Histoire) avec leurs camarades de la classe de 3ème Prépa Métiers dont est inscrit au programme l’étude de cette tragique période historique.

Odile, professeur de français langue étrangère et Marie-Hélène, professeur documentaliste
Lycée V. Larbaud, 03306 Cusset

Louise Pikovsky figure dans la liste des 76000 juifs déportés pendant la 2e guerre mondiale, dressée sur le Mur des noms à l’entrée du musée de la Shoah à Paris.

Son émouvante histoire a été mise en lumière par la journaliste Stéphanie Trouillard, dans un documentaire web sur France 24 puis une bande dessinée Si je reviens un jour.

Le format BD est un atout pour les lycéens et les adultes amateurs du genre. Il peut être un frein pour qui a mauvaise vue, qui n’a pas l’habitude de lire de bande dessinée et qui ne pourra faire une observation visuelle fine pour repérer les différentes époques.

La lecture épicée de Si je reviens un jour, centrée sur Louise et les 3 femmes qui l’ont approchée, fera connaître la dramatique trajectoire d’une jeune fille brillante qui aimait la vie.


A Vesoul (Haute-Saône) les voyageurs-lecteurs de l’unité d’enseignement au lycée Belin se sont projetés dans l’âge mûr… avec des rides (grâce au logiciel de vieillissement « snapchat ») et un métier (ou une situation sociale), qu’ils ont décrit dans un autoportrait imaginaire.
Ainsi le garçon, à droite sur la photo de groupe, passionné de tracteurs aura, le temps de l’atelier, réalisé son rêve : « être à la tête d’une grosse exploitation agricole de 230 hectares, avoir 7 tracteurs, 7 ensileuses, 6 bennes, 2 presses… une femme et 5 enfants ».

A Mondeville (Calvados), la médiathèque fédère par une newsletter régulière ses trois groupes de voyageurs : un Ephad, un lycée, un CM1-CM2.
La dernière en date relate les premières séances de photos animées par un club photo de la ville (l’Image photo club Paul Langevin).
Stéphanie et Marc ont installé un studio éphémère au lycée Jules Verne. Les élèves de terminale MELEC (Métiers de l’électricité et de ses environnements connectés) se sont prêtés au jeu, masqués et démasqués. Leurs portraits seront exposés à la médiathèque avec ceux des plus jeunes et des ainés. On imagine pour les visiteurs un jeu plaisant d’association entre les portraits au naturel et ceux en partie cachés.

Dans l’album dont le titre reprend son surnom, Kini le monde à bras le corps, la biographie de l’aventurière suisse Ella Maillart défile en 20 courts chapitres.

Le découpage par tranche d’âge (l’enfance, la jeunesse et l’âge adulte) retenu pour la lecture épicée, permet, si besoin, de faire une lecture feuilleton en 3 épisodes : le temps de la formation, le temps des voyages, le temps de la maturité.

Formidable surprise pour la créatrice de lecture épicée que je suis que de voir une version différente de celle que j’ai imaginée.

En effet, au collège de Saint-Trivier-de-Courtes (Ain), ma version du Barrage a gagné en qualité et en dynamisme, grâce au duo professeur-documentaliste et professeur de musique.
1/ Les élèves se sont installés en cercle autour d’un plot fait de deux boites en carton sur lequel constituer les paysages.
2/ Tous les éléments ont été distribués aux jeunes pour installation progressive :  les vignettes extraites de l’album et les kapla pour monter le barrage.
3/ La professeure de musique a chanté et joué du violon.
4/ Les élèves se sont déplacés en tournant au son de la cornemuse.
5/ Sitôt le paysage verdoyant constitué, l’album a été introduit.
6/ Un chœur s’est constitué de fait avec des phrases répétées par tous.

A mon tour avec un groupe de douze élèves de Chalon sur Saône (Collège Camille Chevalier), j’ai adopté avec succès l’installation en cercle, distribué les kapla en plus des vignettes d’avant le lac, passé deux morceaux de musique de William Taylor, fait reprendre en écho les phrases évoquant l’écoute musicale.
J’ai préféré ne montrer les magnifiques double-pages que dans un 2e temps, celui où les jeunes, encouragés par leur professeur de lettres, récapitulent l’histoire à voix haute.
Puis nous avons installé les animaux et les plantes sur les berges du lac, ne laissant au fond du lac que les habitations englouties. Nous avons imaginé les anciens villageois venus chanter et danser au bord de l’eau en hommage à tous ceux qui avaient vécu dans la vallée. Les gens passent, la musique demeure.
VML

Si pour des raisons sanitaires imposées par la Covid, le public ne peut se réunir pour des ateliers lecture, il faut faire en sorte que le livre vienne à lui.

Ainsi, à Chalon-sur-Saône, les personnes qui fréquentaient depuis 3 ans les ateliers lecture intergénérationnels, peuvent venir à l’accueil de la maison des seniors (où les activités sont à l’arrêt) emprunter un sac numéroté contenant deux albums* de la sélection en cours. Elles sont invitées à les lire et les faire circuler dans leur famille et leur voisinage. Chacun peut partager une impression, un souvenir, une lecture « cousine » sur une feuille A5** glissée dans chaque volume. Une rencontre en plein air est prévue mi-juin avec les 6e qui lisent les mêmes albums.

A Delle, dans le territoire de Belfort, les bibliothécaires ont embrayé immédiatement sur cette proposition de lectures nomades, que j’évoquais lors de la formation co-animée avec la BDP le 25 février. Elles vont s’appuyer sur quelques grands lecteurs et sur une animatrice du CCAS qui seront cooptés pour des lectures épicées avant de se voir confier les sacs pour lire et faire lire à qui mieux mieux. L’été sera également l’occasion d’organiser des lectures en extérieur en binôme ou d’échanger sous forme de « book dating ».

Nota bene : Livralire fournira 4 sacs tissus et 2 albums aux 3 premières bibliothèques qui voudront leur emboîter le pas.
Au collège, on rêverait qu’un pack d’albums supplémentaire soit offert par un mécène ou prêté par une bibliothèque pour faire circuler un à un les albums dans les familles.

*Notre offre :
Sacs 1 et 2 : Les rides / Les souliers usés
Sacs 3 et 4 : Le barrage / Si je reviens un jour
Sacs 5 et 6 : Je n’ai jamais dit que / Kini le monde à bras le corps
Sacs 7 et 8 : Les dessins de Claire / Quelqu’un m’attend derrière la neige

** : modèle disponible sur demande

L’illustration page 15 des Souliers usés a inspiré Emmanuel Delorme, professeur de lettres à Chalon, pour la création de la lecture épicée. Au premier atelier de travail, en juillet 2020, il est arrivé avec une caisse pleine de colonnes illustrées, en papier calque, et des LED pour éclairer (timidement) les visuels de l’intérieur.

La réalisation était séduisante !  Mais il fallait l’adapter pour permettre à tous d’adopter cette mise en scène à moindre coût et sans provoquer des bourrages de papier calque dans les imprimantes.

On a opté pour des cylindres en bristol dont Catherine Rizet a trouvé les astuces de montage. Restait à trouver une embase de poids pour les empêcher de tomber comme des dominos. Des pots de yaourt en verre feraient l’affaire, a pensé Véronique, se souvenant de ceux qu’elle avait gardés pour  faire des bougeoirs.

Parrainée par une collègue de Saône-et-Loire, Clémence a inscrit à 1 ,2, 3 albums le lycée Belin à Vesoul (Haute-Saône) où elle est professeur-documentaliste à mi-temps. C’est avec douze élèves de 16-19 ans et leur enseignant de l’Unité d’Enseignement (ULIS +) qu’elle a embarqué.

A l’automne, avant la présentation de la sélection, ils ont fait des hypothèses sur les visuels détourés des couvertures. Puis, seuls ou à deux, les jeunes ont pris la responsabilité d’un album : « la répartition s’est faite naturellement. L’un des jeunes a même demandé à ses parents l’album en cadeau de Noël de façon à l’avoir en permanence à disposition ».

Pour chaque album, la lecture à voix haute par la documentaliste est suivie de mises au point sur la compréhension, d’échanges, puis d’une activité : lecture, écriture ou arts plastiques.

Pour les Dessins de Claire, ils ont dessiné des vitraux et confectionné des marottes des artisans du chantier de la cathédrale.

Pour Les souliers usés, les jeunes vont s’entrainer à jouer la lecture épicée pour la présenter à une classe ULIS du collège René Cassin à Noidans-les-Vesoul.

Pour Je n’ai jamais dit, ils établiront une correspondance avec la classe ULIS du collège des Epontots (71)

Pour les Rides, les accompagnants ont une idée originale, prochainement dévoilée sur le blog.

L’idée forte est de donner à ces jeunes en difficulté scolaire l’occasion d’être acteurs de lecture. Les débuts sont prometteurs. Ils sont très investis, leur enseignant conquis par les albums, Clémence par « le projet qui, contrairement à d’autres offres, est magique parce qu’on est accompagné et doté de très bons outils mais en même temps très libre ».

Après que la sélection du 15e voyage-lecture ait été annoncée, une professeure de lettres m’a dit : « Je connais déjà le très beau conte écrit par Timothée de Fombelle, Quelqu’un m’attend derrière la neige. Nous l’avons lu à deux voix à des élèves de 5e, juste avant Noël 2019. Je me réjouis du choix mais sachez que tous les jeunes n’ont pas compris l’histoire qui n’est pas si simple ».

Et moi de lui répondre : « C’est pour ça qu’on vous proposera une lecture épicée, qui aidera à la compréhension avec les trajectoires des deux protagonistes matériellement dissociées. Vous pourrez y associer des voyageurs comme dans la vidéo ci-dessous qui réunit trois générations ».

L’installation devant le groupe sera quelque peu différente de la celle de la vidéo (25 minutes). Les pupitres où visualiser le voyage de Gloria et celui de Freddy seront en vis-à-vis, à l’avant de la table qui symbolise la maison et, avec la guirlande, qui annonce un réveillon.
VML