Mardi 2 mai, Joëlle et Georgette présentaient, à deux voix et sur fond musical, la lecture épicée de l’album d’Un air de liberté à Congo Square, à un auditoire constitué de quatorze résidents de la Maison d’Accueil Spécialisé d’Augy (MAS). Ces derniers, très attentifs, furent particulièrement sensibles aux rythmes des djembés, des doum-doums, des kenkénis,..

Au-delà des mots et de la compréhension du texte, cette lecture à voix hautes n’avait-elle pas vocation à faire ressentir, par la musique, l’âme de ces femmes et de ces hommes travaillant pour les blancs tous les jours de la semaine, jusqu’au dimanche, jour de liberté, jour de danses et de chants à Congo Square ?

Et quoi de mieux, en effet, que cette musique afro-américaine pour entamer un dialogue gestuel et exprimer des émotions, des sensations… et peut-être aussi simplement le plaisir d’être ensemble et libres !

Christine Gouin, présidente Champicaulivres, bibliothèque de Champs/ Yonne – 89

Rien ne se perd…La vente d’albums enfants et des romans jeunes fera des heureux et permettra à Livralire d’acheter des albums « grand large » et d’aider des participants au prochain 1,  2,  3 albums.

En lançant la collection Elles ont osé, les éditions Oskar mettent en avant des jeunes filles ou des femmes qui ont pris des risques et qui, avec courage, ont dénoncé des situations de haine, d’oppression, de destruction. Les portraits sont portés par un récit dynamique écrit à la première personne.

Les deux premiers titres, pour tout public à partir de 13 ans,  font écho à deux albums du voyage-lecture en cours : Ruby tête haute et Liberté à Congo Square.

Dorothy Courts, affronter la haine raciale / Elise FONTENAILLE
Trois ans avant Ruby Bridges, une jeune fille afro-américaine de 15 ans a dû affronter la haine raciale. Son admission dans un lycée de blancs en 1957 en Caroline du Nord lui valut des injures, des crachats, des menaces de mort. Elle raconte en moins de 50 pages la violence subie, les risques pour sa vie et celle de sa famille, l’obligation d’aller étudier ailleurs et la revanche qu’elle a tenue en revenant travailler, diplôme en poche, dans sa ville natale ! (9,95 €)

Harriet Tubman, la femme qui libéra 300 esclaves / Anouk BLOCH-LAINE
Le dimanche était un jour important pour Harriet, l’esclave. Il y avait l’office religieux où elle allait avec sa famille et, ce jour-là, la tension des maîtres se relâchait. C’est donc un samedi soir de septembre 1849 qu’elle s’enfuit, confiante en Dieu, et rejoint Philadelphie grâce au système du chemin de fer souterrain. De là, puis plus tard du Canada, elle deviendra « conductrice » et convoiera secrètement sa famille et autres esclaves vers le Nord abolitionniste. Sa tête sera mise a prix ce qui n’empêchera son  active participation dans la guerre de Sécession. (14,95 €)

VML

Depuis que nous avons lancé le projet avec la scénographie, les élèves de 6e ont eu plusieurs semaines pour lire les albums. Le projet a été bien accueilli et la plupart des élèves ont joué le jeu.

Chacun doit réaliser un carnet de lecteur : illustrer une première de couverture et écrire sous la forme d’abécédaire. Cela consiste à choisir des mots clefs et à les définir par rapport à l’album. C’est un bon exercice pour voir si l’élève a compris l’histoire (thèmes abordés) et cela permet de travailler l’expression et la langue sur de petites productions. Ce travail a lieu après une lecture épicée au CDI pendant les heures où je n’ai que la moitié de la classe ; ainsi nous passons auprès des élèves pour reprendre ce qui n’a pas été compris et reformuler avec eux leur pensée quelquefois bien embrouillée. Cela donne par exemple :

Pour Le maître d’école
H comme honte.Le père du garçon a honte quand il va voir le propriétaire et que celui-ci lui montre la lettre car il ne sait pas lire. (Gabin)

O comme obscurité. Il n’y a pas d’électricité dans la maison du narrateur. La famille du narrateur réclame la lumière. L’obscurité peut aussi signifier l’ignorance quand on est analphabète. L’album est dessiné en noir et blanc, cela fait penser à l’obscurité. (Léo)

Pour La Princesse aux mille et une perles
T comme trahison. Chayan trahit sa famille en voulant détruire le collier et en dispersant les perles pour ne pas que Khouniley soit reine. (Lola)

Pour Le Jardin du dedans-dehors
L comme liberté. Dedans, Chiara et son frère sont libres dans leur jardin. Dehors, les habitants de Téhéran ne sont pas libres car le pays est en guerre et les gens n’ont pas de droits. (Léo – le même !)

Chaque lettre sera illustrée à la manière des manuscrits médiévaux.

Delphine NAUCHE, professeur de français au collège de Pont-de-Vaux (01)

Pour beaucoup de voyageurs, la scénographie de présentation des albums jouée en janvier ou février est déjà de l’ histoire ancienne. Pas pour nous !

Comme chaque année, les résidents se sont livrés avec beaucoup de sérieux à la préparation de la scénographie. Lors des découpages, de la confection des pochettes et de l’ illustration des mots, leur curiosité a été éveillée : Pourquoi écrit-on tous ces mots ? Qui sont ces personnages ?  Qu’est-ce que l’on va faire avec tout ça ? Et comme toujours, nous, les animatrices, nous répondons en maintenant le suspense.

Avec des pieds de parasol et du grillage récupéré, les agents techniques ont fabriqué le grand présentoir vertical qui est volontairement resté dans la salle d’animation durant 2 mois, attirant les regards et questionnant le personnel, les bénévoles, les familles et les enfants du centre de loisirs de la commune.

Courant mars, la scénographie a été jouée trois fois : deux séances avec une vingtaine de résidents et une troisième avec les élèves de CM de l’école du village, partenaires du projet depuis quelques années déjà, mais jamais jusqu’ici associés dès la présentation des albums dans notre salle d’animation. Pour l’occasion, les résidents s’étaient adonnés à un atelier pâtisserie le matin même, réalisant ainsi de très bons gâteaux aux pépites de chocolat. Cette double dégustation littéraire et culinaire, entrecoupée du feuilletage des albums, a été riche en émotions et en gaité.

Rendez-vous a été pris avec les enfants et les anciens pour des lectures partagées à l’école à la rentrée des vacances de Pâques, à raison d’une fois par semaine. Ainsi les élèves pourront nous faire part de leurs 3 albums préférés avant la fin de l’année scolaire.

De notre côté, nous partageons la lecture des albums avec les résidents. On se salue, on fait un rappel du projet en début de séance, puis on lance une énigme. Le résident qui trouve la clé en premier choisit l’album du jour. Ce système motive les « troupes », beaucoup réfléchissant et incitant les plus endormis à s’intéresser. S’ensuivent des impressions, des échanges de savoirs et de savoir faire, des souvenirs, des évocations cinématographiques, musicales ou littéraires (exemple Shéhérazade et les contes des mille et une nuits pour La princesse aux 10001 perles) ou des créations artistiques.

Pari réussi : 1, 2 3 albums continue d’intéresser et d’attiser la curiosité !
Murielle Daumur, animatrice Ehpad Semur-en-Brionnais  (71)

A lire les retours d’expérience positifs publiés sur ce blog, on oublierait que le terrain n’est pas toujours favorable à la lecture d’albums avec des plus de 10 ans. On connait les arguments :  Vous vous trompez de cible. /  Ce n’est pas pour mon public, c’est pour les enfants !  / Ils n’en ont pas besoin.  / Ils ne savent pas lire. / Ils ne peuvent plus lire./ Le programme est déjà trop lourd…

Quand on fait goûter aux méfiants une lecture épicée, on sait maintenant qu’on a toutes les chances de voir les visages s’ouvrir et les barrières tomber. Encore faut-il que l’auditoire soit disposé à l’écouter.

Dans cet établissement, des professeurs ont donné leur aval pour accueillir dans leur classe des élèves de 6e qui ont préparé au CDI et avec soin des lectures épicées à jouer à leurs camarades. Mais l’accueil qu’ils leur réservent est indigne :
– Un groupe est déstabilisé après s’être fait accueillir par ces mots :  » Voilà les envahisseurs  » !
– Dans une classe, l’enseignante reste à sa place face à ses élèves, occupant l’espace de représentation, et sitôt la lecture épicée amorcée, braque les yeux sur son portable.
– Dans une autre, le professeur s’installe au fond avec des copies à corriger.
Heureusement, une enseignante se montrera, elle, réceptive.

Chacun sera juge de cette désinvolture de pédagogues qui exigent des élèves attention et effort mais en situation inversée, ne savent leur rendre la pareille.
Pour éviter un tel mépris, il y a trois parades possibles :
– Modifier l’installation de la salle de classe pour avoir le public resserré en face de soi, même si ça prend trois minutes et que ça fait du bruit.
– Exiger l’attention de tous pour commencer … et attendre le temps qu’il faut pour que la consigne soit comprise y compris de l’adulte présent.
– Impliquer l’enseignant qui accueille les passeurs d’histoire en lui donnant une part, même minime, dans la lecture.

VML

L’album Le maître d’école fait l’unanimité dans notre Ehpad. Les résidents apprécient énormément cette histoire vraie qui soulève maintes discussions et réveillent beaucoup de souvenirs.

Les difficiles conditions de vie : pas d’électricité mais des lampes à pétrole, pas d’eau courante, les WC au fond du jardin, simple trou ou planche avec un trou au milieu !
« On savait quand les dames avaient leurs ours car les serviettes à l’époque séchaient au vent sur l’étendage« .

L’école : le chemin pour s’y rendre à pied et en sabots, l’uniforme, le déjeuner emmené dans un panier et réchauffé sur le poêle de la classe, l’austérité des maîtres d’école qui tiraient les cheveux, les oreilles, qui mettaient des punitions ou des coups de règles.
On n’avait pas le droit de se plaindre,  jamais !
En 39, quand on arrivait à l’école, on hissait le drapeau bleu blanc rouge. On entrait en rang et en silence dans la classe : on restait debout à côté de notre bureau et on attendait l’ordre avant de s’asseoir !
A l’époque dans les écoles, il y avait un grand sentiment de patriotisme.

Pas facile de s’écouter les uns les autres tant les idées fusent et les émotions montent. Mais l’envie est très forte de partager nos manières de voir l’école d’hier et d’aujourd’hui.
Murielle, animatrice, Ehpad Semur-en Brionnais (71)  

Depuis plusieurs années que les bibliothécaires d’Argenton-sur-Creuse (36) animent un club lecture au collège Rollinat, elles désespéraient de ne pouvoir élargir le cercle de lecture, notamment 1, 2, 3 albums qui reste confiné à ce petit groupe de lecteurs volontaires. La documentaliste du collège n’assurant pas le relais auprès des adultes, il était difficile d’accéder à l’équipe enseignante. Comme on évoquait cette difficulté par téléphone, je leur ai conseillé de s’appuyer sur les élèves. Le résultat est prometteur. VML

En janvier, nous avons joué la scénographie dans le cadre du jeudi mensuel du club-lecture. En février, nous avons joué la lecture épicée de l’album Le jardin du dedans-dehors aux cinq élèves présents ce jour-là. Nous leur avons proposé de la préparer à leur tour pour des adultes de leur choix. Ils ont remis une invitation personnalisée à trois professeurs (histoire, anglais et physique) et deux surveillants qui malheureusement n’ont pas pu se libérer.

Les 5 présentateurs ont séduit le public composé des trois enseignants et de quatre élèves qui ont pris leur part dans l’animation en construisant le fameux mur ! Les applaudissements parlaient d’eux-mêmes.

Les jeunes ont fait aussi la promotion de trois autres albums. La professeur d’anglais a embrayé sur Ruby tête haute et celui d’histoire a saisi l’intérêt d’avoir des albums passerelles avec le programme. Les professeurs se sont inquiétés des modalités d’inscription et du moment où la prochaine sélection serait disponible.

Je leur ai remis, pour eux et leurs collègues, un tract-mémo : 1, 2, 3 albums, qu’est-ce-que c’est ?
Gageons que l’an prochain, l’embarquement dans 1, 2, 3 albums au collège Rollinat sorte enfin de la confidentialité !
Catherine Talureau, bibliothèque d’Argenton / Creuse

Enseignement : Ce printemps est la période idéale pour donner aux lecteurs-voyageurs des occasions de semer des graines d’1, 2, 3 albums.

Au CDI du Lycée Professionnel Albert Schweitzer de  Champs/Yonne (89), jeudi 3 avril 2019, a eu lieu une rencontre entre trois groupes de voyageurs : des 2e de ce lycée, des jeunes du lycée La Brosse de Venoy et une classe de CM1- CM2 du village que nous accompagnons de bout en bout dans 1, 2, 3 albums.

Les lycéens du LEP étaient les animateurs de la séance, l’accueil et l’animation étant à leur programme de leur section aide à la personne. Un peu réservés au départ, les ados ont parfaitement assuré l’organisation en deux temps :

1 / Ateliers graphiques en demi-groupe. L’un autour de Mille dessins dans un encrier, avec dessins individuels au pastel agrémentés d’un trait à l’encre noire pour constituer une frise. L’autre sous forme d’un panneau avec des visages exprimant différents sentiments.

2 / Une lecture chorale d’Un air de liberté à Congo square réalisée par 6 élèves de seconde dont on devinait le travail sur la voix fait en amont avec leur professeur et qui peuvent être fiers du rendu de grande qualité.

La rencontre conviviale s’est conclue par un goûter préparé par les hôtes, et les primaires sont repartis avec les réalisations plastiques à afficher dans leur classe.
A renouveler.

Georgette RAPHAEL et Rose-Marie MARTIN, bénévoles à la bibliothèque Champicaulivres, qui ce jour-là étaient de simples et heureuses spectatrices.

Quelques nouvelles d’1, 2, 3 albums à l’autre bout du monde.

Nos élèves ont eu la présentation des livres au mois de février.
1/ Depuis, ils lisent les albums au CDI, une heure tous les quinze jours. Cette heure de lecture encadrée, à laquelle ils ne sont pas réfractaires, est la seule façon de s’assurer de leur participation au projet.
2/ J’ai fait la lecture épicée d’Une somme de souvenir.
3/ J’ai choisi trois illustrations du Labyrinthe de l’âme que nous avons décortiquées ensemble, dont celle de la colère particulièrement riche.
4/ J’ai sélectionné des sentiments illustrés dans le livre et ai écrit leurs noms au tableau. Après explication et analyse en groupe, chacun a été invité à partager un souvenir en lien avec un de ces sentiments.
5 / Une fois terminée la rédaction des souvenirs, nous les partagerons en utilisant un logiciel qui permet la création de liens hypertextes sur une image.

Fabienne Bourjon, professeur documentaliste au collège Afareaitu/ Moorea/ Polynésie