Auxerre, ENSPE, 30 novembre 2023.  Journée  historique : ma dernière formation 1.2.3 albums. Je suis accueillie chaleureusement par Caroline, sacrée lectrice depuis la plongée chez Roald Dahl dans l’enfance. Elle et ses collègues professeures forment des futurs enseignants qui embarquent dans le voyage-lecture des classes volontaires.

Dans la salle, des curieux, des novices, des inconditionnelles qui tirent de leur longue expérience, les enseignements suivants :

  • savoir se mettre en retrait pour donner la parole à son public.
  • ne pas avoir peur des livres aux thématiques délicates. Le renvoi à des situations vécues peut être libérateur. Exemple, cette jeune syrienne mutique qui, comme soulagée du poids secret de son histoire, prend la parole après avoir entendu l’histoire de Malala.
  • utiliser les lectures épicées pour briser les freins de lecture. Comme dit ce prof : » je n’aurai pas parié sur Regarder les mouches voler avec les personnages- singes, la typographie pastel et minuscule mais au final, quel album ! »
  • embarquer, en tant que bibliothécaire, des personnes en marge comme des handicapés et des apprenants, c’est formateur. On gagne en simplicité et en ouverture d’esprit.
  • offrir les lectures d’album à des adultes, c’est leur donner l’occasion de ressentir des émotions comme cette dame, émue aux larmes (et heureuse, dira-telle) en découvrant l’histoire de Nicky & Vera.
  • sentir son public suspendu à ce qu’on lit, c’est d’une intensité incroyable.

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Sous l’oeil malicieux du lapin d’Edouard Manceau, les deux bibliothécaires de la Médiathèque de l’Allier, correspondantes d’1.2.3 albums.

Anne-Marie aime les paniers qui lui font penser à ses grands-parents. Pour aller dans les bois, elle prend le petit modèle.  On la prend pour le Chaperon rouge mais elle ne va qu’aux champignons.

Le martin-pêcheur sur la tasse que tient Françoise lui rappelle qu’il faut être présent à ce qu’on fait (comme l’animal quand il pêche !). C’est un cadeau d’une stagiaire qui est devenue une bibliothécaire jeunesse passionnée et une amie !

Aveux de participant.e.s :
« La sélection de la saison # 18 est plus abordable pour les publics en difficulté.  »
« Cette journée est une respiration dans ma semaine de prof ! »
« Il y a toujours un album qui me plait moins. Mais il n’y a aucun où je suis resté bloquée. »
« J’ai découvert un univers ! »

Avec en fond, la plainte lancinante, à haute voix de Stéphane, du foyer des Ecureuils à Ebreuil, établissement qui voyage depuis 12 ans et dont une délégation assiste à la matinée de lancement :
« Qu’est-ce qu’on va faire sans vous ? »

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Mardi 21 novembre 2024, pour la 6e année consécutive, Antonin Bonnot a filmé et enregistré à Beaune, le prélude et trois lectures épicées. Il va monter les vidéos dans les jours à venir. Celle du prélude sera disponible lundi 28 novembre. Merci pour votre patience.

Dernier tournage ensemble. Emotion et évocation : la bonne humeur, les rires, les reprises, la grande convivialité avec ceux qui se prêtaient au jeu, les adultes et les ados qu’on pouvait associer quand on tournait pendant les vacances de Toussaint.

J’avais misé sur le bon apprenti « cinéaste », de la première promotion des Ateliers du cinéma Claude Lelouch, que j’avais repéré à une rencontre intergénérationnelle à l’hôpital de Chagny ! Il débutait avec la caméra. Surtout il accordait aux collégiens et aux ainés une attention touchante, surprenante de la part d’un grand jeune homme de 18 ans !

Marie Christine, présidente de Livralire, a traduit spontanément en vers notre reconnaissance pour ses qualités professionnelles et humaines.

On se quitte au moment où il entre dans la cour des grands : il sort d’un tournage avec le réalisateur François Ozon. On s’en réjouit !

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A Belfort, lancement dans l’intimité avec :
– Véronique, directrice de la bibliothèque départementale et Virginie, bibliothécaire correspondante 1. 2. 3 albums, qui ont longtemps animé les voyages-lecture enfance « Livralire » dont les valises continuent à être proposées au réseau.

– Quelques voyageuses convaincues, désolées que le dispositif s’arrête, et des nouveaux intéressés, tous rassurés de savoir que les kits d’animation des dix dernières années seront accessibles au printemps 2024.

Une documentaliste nous dit qu’elle a lu dans un récent sondage que 79% des adolescents aimeraient qu’on leur lise des histoires. Bonne raison d’utiliser les albums pour des lectures intimes (en solo et en duo) ou collectives.

Une bibliothécaire me confie qu’elle apprécie ces journées de travail autour des albums, toujours différentes.

Une autre avoue qu’elle y puise de l’énergie pour travailler et faire face aux freins de toutes sortes qu’elle rencontre dans son équipe et chez ses partenaires.

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La Médiathèque Côte d’Or soutient et développe 1.2.3 albums depuis 2010. Le développement a été spectaculaire grâce à la conviction et l’énergie d’un trio de bibliothécaires qui, comme on le voit sur la photo, se sont prêtées au jeu de l’objet préféré. Un casque de vélo pour Nadine qui a adopté ce moyen de déplacement pour le plaisir, la santé et la planète. Une mini tortue pour Anne : celle qui dormait sur la tablette de la salle de bains de sa grand-mère et qu’elle a installée pareillement dans sa maison. Son nounours de 45 ans pour Aline.

Nadine, directrice adjointe, a introduit la journée en faisant un bilan de ces treize années. La MCO possède maintenant 138 titres d’albums « grand large » (en plusieurs exemplaires) et aura embarqué au total 637 établissements culturels, éducatifs, sociaux ou médicaux. La fin de Livralire ne soldera pas l’aventure. A la MCO d’inventer une forme de continuité. Ca cogite déjà !

Dans la nombreuse assistance :
– Un dynamique quatuor du collège d’Is-sur-Tille, dont une dame qui, à côté de son poste d’AESH, anime un atelier d’initiation à la langue des signes. L’an passé des jeunes de SEGPA, tout petits lecteurs, ont signé, avec succès et plusieurs fois, l’album L’expédition.

– Flore, grande voyageuse. Dans l’Ehpad où elle est animatrice, les résidentes s’inquiétaient de ne pas voir arriver de nouveaux albums. Flore les rassure en  leur disant qu’elle viendra à Dijon les découvrir le 14 novembre.  Et les dames de lui dire ces derniers jours : « Surtout, vous n’oubliez pas mardi » !

– Un documentaliste qui évoque le voyage intergénérationnel entre une classe de 3e dite solidaire et une maison de retraite où il avait prêté un pack d’albums. Au moment de les récupérer, il en manquait un. On finit par le retrouver sous le matelas d’un vieux monsieur qui adorait le livre et aurait tellement aimé avoir un exemplaire !

– Des voyageurs débutants et des voyageuses aguerries. Quelques-unes ont profité de la rencontre pour me remercier pour cette belle et longue aventure de lectures partagées et me gâter avec des fleurs, un bon d’achat dans une librairie, un bouquet en papier (cliquez sur la magnifique création de Sabrina). J’en suis encore toute  tourneboulée. On publiera en temps voulu sur ce blog le panégyrique illustré, plein de finesse et de drôlerie de Sylvie, Véronique et Sophie, qui reprend quelques-uns des 180 albums proposés par Livralire depuis 2007.

N’anticipons pas (trop) les adieux. Vivons à fond la dernière saison.
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Virginie et Marion de la médiathèque de Mâcon accueillent 1.2.3 albums, le 10 novembre. En clin d’œil au prélude, elles ont partagé leur objet préféré du moment. Les trésors (un caillou, un marron) de son fils pour la première, la carte du Canada où la deuxième a la moitié de son coeur.

La salle est comble avec des candidates au voyage de Saône-et-Loire et d’autres venues de l’Ain, « abandonnées » par la BDP du département qui ne souhaitait plus soutenir 1.2.3 albums.

A mon invitation, trois voyageuses, deux expérimentées et une novice, témoignent de l’impact « social » de la lecture partagée avec les ainés.

En Bresse, une résidente d’un Ehpad s’effondre en larmes quand, à propos d’une nouvelle de Regarder les mouches voler, sont évoqués les enfants. Elle n’en a pas eu. Les langues se délient. Elle comprend qu’elle n’est pas seule à souffrir de solitude familiale. Ce n’est pas parce qu’on a eu des enfants qu’ils vous entourent dans la vieillesse. Une grande émotion est palpable. Elle touche et relie les résidentes.

Dans ce foyer logement, chaque mardi matin une douzaine de dames partagent des textes ou des albums autour de Marie-Christine. Les échanges qui suivent ont renforcé les liens entre les auditrices. Les vieilles dames s’invitent plus facilement dans leur petit appartement, papotent plus volontiers avec les uns et les autres dans le salon du hall trop souvent silencieux. La directrice est témoin du gain de convivialité dans son établissement.

A l’Ehpad de Semur-en-Brionnais, Murielle l’animatrice est une très grande voyageuse dans les albums.  Elle aurait mille choses à dire.  Elle nous parle d’un résident de 63 ans – le plus jeune des pensionnaires – un marginal, violent, terreur des villageois puis des résidents. Le jour de la découverte de l’album Les rides, l’homme s’effondre en larmes Il se confie : « je ne suis pas ridé. Je suis balafré. Depuis l’enfance, je suis le vilain petit canard » et de raconter sa vie d’exclu. Le groupe – 15 résidents et les soignants – reste coi. Le masque du monstre est tombé. Son intégration est enfin possible.

Confidence en apparté. Un prof de lettres a croisé trois anciens élèves, devenus adultes. Comme ils évoquaient leurs années collège, ils ont dit : « ce qui reste inoubliable, c’est 1.2.3 albums ! »

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La dernière tournée 1.2.3 albums commence aujourd’hui.

1500 kilomètres avec une voiture pleine de matériel pour présenter les héros et leurs aventures.

Emotion pour tous et soulagement pour les membres de Livralire !

Les enfants d’Ukraine et du Moyen-Orient savent ce qu’est la guerre, comme Samir et Yaël, qui, dans un petit livre paru en 2000, s’interrogeaient sur la façon de l’arrêter.

Le mieux serait que les présidents ne la commencent jamais, disaient-ils.

Et pour ça, il faudrait qu’on leur mette dans la tête les images concrètes et quotidiennes de la violence « des bombes qui explosent, des maisons qui brûlent, des gens couchés dans leur sang, des enfants qui hurlent … »

Il faudrait leur rappeler nos bonheurs paisibles : un bain au torrent, la fête foraine, une promenade avec un grand-père, un bouquet de fleurs des champs, des bisous du soir, etc. Oui, mais comment ?

Un jour j’arrêterai la guerre, publié chez Nathan, étant épuisé, Thierry LENAIN et Pierre MORNET mettent généreusement leur histoire si actuelle en accès libre.

Elle pourra être lue à haute voix à tous les publics dès maintenant et en association avec Tout ce que la guerre déteste.

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