La lecture de Christine de Pizan n’est pas facile pour des 6e, même avec les lettrines utilisées pour la version épicée.  Des mots et des tournures de phrase leur échappent. Et pourtant, disent-ils, le portrait de la noble dame les saisit. C’est une femme courageuse. Elle est capable d’élever ses enfants seule, de ne pas se remarier comme le veut l’époque, de gagner sa vie, d’avoir une activité d’écriture réservée aux hommes, de défendre le droit des femmes.

Autour d’elle, les adultes invités ont proposé une galerie de femmes, vivantes pour la plupart, qu’ils trouvent remarquables. Elles se sont frayé un chemin dans la vie, ont surmonté des difficultés liées à leur milieu, leur époque ou la condition féminine, ont tenu leurs objectifs.

Deux actrices : Adèle Haenel et Muriel Robin.
Deux auteures : Colette.  Marguerite Yourcenar sur laquelle leur professeur de lettres avait rédigé un mémoire. Grâce à une citation d’elle, il avait obtenu un poste de coopérant à Madagascar.
Une ancienne ministre :  Simone Veil
Une grand reporter et écrivaine : Mémona Hintermman. (écouter sa rencontre à la prison des femmes de Rennes).
Une médecin–réanimateur à Paris, membre du conseil scientifique : Lila Bouadma
Une chorégraphe et danseuse de hip-hop : Bintou Dembéle 
Une chef d’orchestre : Nathalie Stutzmann

A côté de ces femmes célèbres ou connues du public via les médias, il y a toutes les femmes retraitées à qui Irène a rendu hommage et dont Emili, 6 ans, a dessiné un visage : « Je veux mettre à l’honneur toutes ces femmes de plus de 60 ans qui n’étant plus salariées du monde productif, sont invisibles. Et pourtant leurs rôles sont multiples. Parfois veuves ou accompagnantes d’un conjoint malade, elles contribuent à de nombreuses tâches. Elles aident leurs enfants qui, en couple et travaillant à deux, les sollicitent beaucoup. Garder leurs petits enfants, c’est du bonheur et de la fatigue surtout qu’elles ont aussi souvent leurs propres parents à seconder. Pour moi, ces femmes généreuses et courageuses sont admirables ».

P. S : Le principal du collège, après lecture de cet écho, présentera une femme remarquable de son choix au prochain atelier lecture.

VML

 

Au CDI de notre collège, depuis plusieurs années, des ados lecteurs volontaires nous donnent un coup de main pour l’enregistrement de prêt aux récréations et le rangement des livres.

Nous avons proposé à ces délégués CDI de faire des lectures épicées. Cinq filles ont répondu présentes. Sur leurs heures d’étude, avec l’aide de Catherine, aide-documentaliste, elles ont préparé en duo ou trio celles de Christine de Pizan et des Petites nouvelles de la révolution.

Elles ont été les lire directement dans les classes de 6e sur des heures de cours de professeurs (de toutes matières) consentants ! L’une des filles, dévoreuse mais très timide, a fait d’énormes progrès pour affronter ses camarades.

Ce mois de mai, l’équipe va en préparer à nouveau deux. Les autres lectures épicées sont données par nos soins aux 6e sur les heures de cours de CDI ou dévoilées via les vidéos fournies par Livralire.

Véronique Guyon, documentaliste, Collège Saint Dominique (Chalon/ Saône)

C’est par une maman d’élève de l’école, qui nous a même offert un pack de livres, que j’ai connu 1.2.3 albums à l’automne 2021. J’ai embarqué ma classe hétérogène de CM2 et j’avoue que je suis très contente. Les élèves sont très motivés par la découverte des albums sur chacun desquels j’ai dégagé un angle de lecture et d’activités propres à développer l’ouverture culturelle et l’échange autour du livre.

J’ai également proposé au professeur de lettres du collège voisin, Joseph Fabre, de s’associer au voyage-lecture dans le cadre de notre coutumière liaison CM2-6e.

Nous avons choisi Ashoka et la flamme sacrée comme lecture commune et support d’une théâtralisation, en  adoptant le canevas suivant :

1/ Lecture. Découverte progressive de l’album dans nos classes respectives : avancée pas à pas dans l’histoire imaginée par les élèves à partir des illustrations puis, à chaque page, dévoilée avec le texte de l’auteur et la lecture de l’enseignante.

2/ Sélection de 10 passages.

3/ Ecriture. En mars, les 6e ont accueilli les CM2 au collège à deux reprises. Des petits groupes ont été constitués pour un atelier d’écriture en deux temps : la conversion de l’extrait  narratif en texte dialogué puis, avec notre aide, l’adaptation en écriture théâtrale. Les textes produits ont fait l’objet d’une relecture critique entre les groupes en proposant quelques conseils de correction.

4/ Mise en voix. Au retour des vacances de printemps, nous travaillerons l’oralité et nous réfléchirons à la mise en scène. Décors, accessoires, rôle de chacun feront l’objet d’une réflexion commune.

5/ Jeu théâtral. Les différentes séquences de l’histoire seront jouées plusieurs fois à l’école, au collège et, nous l’espérons, à la bibliothèque municipale.

Krystel TEIL, Ecole Paul RAMADIER, 12000 RODEZ

Ce mois-ci sur Alterbib, présentationd’une pépite pour des animations lectures avec des grands ados et des adultes.

Un recueil de 31 « fantaisies » imaginées par Marie Sizun pour donner vie à des petits personnages presqu’invisibles dans des tableaux de paysages de peintres, célèbres ou non, de la fin du 19e et du début du 20e.

Livralire met à votre disposition un fichier avec les 18 tableaux libres de droits pour projection murale en support à la lecture des très courtes nouvelles.

VML

Une bibliothécaire de l’Allier, grande voyageuse d’1.2.3 albums, s’est inscrite à l’opération nationale « Partir en livre » qui se déroulera en France du 22 juin au 24 juillet 2022. Elle envisage d’intervenir dans les quartiers de sa ville et au camping avec des lectures d’albums. Elle nous demande si, pour les plus grands, elle pourrait faire des lectures épicées.

Evidemment et avec joie !

Les canevas de lecture créés par Livralire sont libres de droits et peuvent être repris en toutes circonstances et à n’importe quel moment.

La seule condition, c’est que le livre soit consultable par les auditeurs sitôt l’animation finie et, mieux, puisse être emprunté sur le champ ou une fois l’opération close. Pour ce faire, il sera judicieux de :
– préparer des signets avec la liste des albums lus et les heures d’ouverture de la bibliothèque
– regrouper à la bibliothèque les albums partagés dans un panier facilement identifiable et accessible à tous.

 VML

Une demi-classe de 6e et trois seniors chalonnais sont en demi-cercle au CDI pour goûter deux histoires de Petites nouvelles de la révolution.
Celle qui se déroule à la cantine russe surprend les jeunes qui avaient fait d’autres hypothèses en observant l’illustration de couverture. Elle fait rire le groupe.
La deuxième raconte le rêve de vacances de Sofi et de son frère Oukiok dont le cadre de vie au Groenland fait de neige et lichens est monotone. S’ils pouvaient voir des arbres et avoir chaud !

Est-ce d’abord le dépaysement que l’on cherche quand on part en vacances ? Si oui, pas la peine d’aller très loin pour nous qui vivons dans un pays aux multiples décors. Les vacances sont-elles toujours familiales ?

Les seniors témoignent :
– La notion de vacances n’existait même pas, dit Irène. En plus nous étions cinq enfants et n’avions qu’une 2CV Citroën : impossible de se déplacer tous ensemble. A neuf ans je suis partie en colonie à Cruzille (près de Mâcon), autant dire le bout du monde pour moi.
– La famille de mon père était polonaise, raconte Guy. A dix ans et pour la première fois, nous sommes partis l’été voir notre famille : trois jours de train jusqu’en Pologne.
– Moi, dit Claudine, j’allais un peu en Picardie voir la famille et, plus grande, j’allais aussi en colo.

Les jeunes leur font ensuite écho :
– Moi aussi, j’ai découvert un été ma famille en Macédoine.
– Je suis allée en colo et me souviens avoir pleuré le premier jour.
– Le seul moment où je vois mon père, absent de la maison à cause de son travail, ce sont les vacances. Il nous emmène en Afrique du nord d’où il est originaire mais pas seulement. On a visité une dizaine de pays.

Toutes les destinations sont visualisées sur le planisphère posé au tableau.

Et le professeur de conclure : « En une heure, nous avons fait un grand voyage. Nos âges sont différents et pourtant nous avons des vécus communs. D’ailleurs en vous écoutant, je réalise que moi non plus je ne sais pas ce que c’est que des vacances en famille : c’était la pleine saison de travail pour mon père. On ne partait jamais ».

VML

Le démarrage de notre premier voyage  avec des scolaires et des seniors a été chaotique à cause du Covid. Mais nos débuts sont prometteurs notamment à la résidence « Ages & Vie » de Saint Léger-sur-Dheune.

Les ainés ont colorié avec application et intérêt les lettrines en amont de la lecture épicée de Christine de Pizan.

Une vieille dame qui ne marche plus et n’entend pas bien a installé dans sa chambre, sur un lutrin, l’album Petites nouvelles de la révolution . Chaque jour, elle lit une des nouvelles à voix haute : une façon de travailler sa voix et de prendre plaisir à lire. 

Gisèle Empatz, bibliothèque Saint Léger-sur-Dheune (71)

P.S : Commentaire d’Emmanuelle Beulque, responsable éditoriale chez Sarbacane, à propos de la vieille dame qui se lit les Petits nouvelles de la révolution : Mais quel bonheur de lire ça !

A Givry (71), les élèves de CM2 de la classe d’Arnaud Picard voyagent de concert avec les résidentes du foyer-logement. Pour raisons sanitaires, le lien est pour l’instant limité à l’écrit.

Les jeunes ont partagé le fruit de leurs échanges sur Le Meilleur sous forme de grands panneaux : l’un sur leur sport préféré, l’autre sur l’importance d’être meilleur ou pas.

(cliquez pour agrandir)

La classe a posé trois questions aux huit ainées qui, après lecture épicée et débat, ont répondu.

Quel sport pratiquez-vous et avez-vous pratiqué ?
Sept font de la gym douce (organisée à la résidence), trois de la marche, une du gi gong, une du vélo, une de la marche, une autre nage. Quand elles étaient jeunes, seule l’une d’entre elles faisait du sport.

Est-ce important d’être le ou la meilleur.e ?
Oui dans son domaine de prédilection.
Non :
– L’important c’est de bien faire ce qu’on aime.
– Nous ne sommes pas nés tous pareils.
– On peut être bon dans quelque chose sans être le meilleur.
Il faut surtout être bien dans ses chaussures.
– Il faut accepter la défaite.
– Vouloir être toujours le meilleur entraine souvent l’oubli des autres.
– Chercher à s’améliorer constamment est très positif à la fois pour le physique et le moral. Ca donne confiance en soi et permet de se tourner vers les autres.

Quelle personne admirez-vous ?
Mes petits-enfants / Mon mari qui a conçu le premier enjambeur de Saône-et-Loire / Ma maitresse de CP qui m’a donné ma vocation d’enseignante / Le corps médical/ Les biathlètes / Le chanteur Luis Mariano / Geneviève de Gaulle / Marie Curie / Antoine Dupont, le capitaine du XV de France.

Marie-Christine, la bénévole lecture aux 7 Fontaines, a accompagné les réponses d’un mot d’explication pour les jeunes : « Vos correspondantes sont des dames qui ont entre 78 et 90 ans. La plupart ont commencé à travailler très jeunes. Les activités physiques étaient utilitaires. Les loisirs se limitaient à un bain de pied dans la rivière l’été, et au bal le dimanche. Petites, elles jouaient au ballon, à la marelle et à la corde ».

Ancienne professeur d’EPS, elle souligne la différence entre :
Le sport comme pratique intensive avec compétition.
L’activité sportive pratiquée régulièrement en club ou en famille;
L’activité physique pour préserver son capital santé et se faire du bien.

A la résidence des Sept fontaines à Givry, Marie Christine, présidente de Livralire, anime depuis des années chaque mardi un atelier lecture, avec 1.2.3 albums au menu du premier semestre.

Au fur et à mesure de la lecture des histoires vraies des Héros ordinaires et des Petites nouvelles de la révolution, elle fait placer par une dame du public le nom du personnage sur un planisphère fixé sur un portant mobile.

Utilisant la même salle pour sa séance de gym douce, l’animateur spécialisé  est intrigué par cette  carte du monde. Ayant demandé des explications aux  participantes, il décide de s’en servir en basant les ateliers mémoire qu’il assure en parallèle, sur la géographie et les traditions des pays répertoriés.

VML

Sylvie Merabti, documentaliste
« En découvrant la lecture épicée de Christine de Pizan, au lancement d’1.2.3 albums en novembre à Dijon, j’ai tout de suite pensé à la journée internationale des droits des femmes. Et si on la jouait le 8 mars au collège ? Ce sera un marathon lecture. La question des lectrices a été très vite résolue. Deux élèves de 3e se sont portées volontaires, dont Sidonie qui avait gardé un souvenir merveilleux – le meilleur de sa scolarité – des lectures épicées faites en 6e pour des CM2. Je leur ai associé des stagiaires documentalistes.  »

Parallèlement, une enseignante d’histoire-géographie séduite par l’album s’est lancée avec sa classe de 5e en éducation morale et civique dans la réalisation d’affiches sur les discriminations et le sexisme et d’un quiz en ligne.

La rectrice et l’inspectrice d’académie, ayant eu vent du projet, se sont invitées au collège et ont assisté à une des lectures en classe de 5e, félicitant chaleureusement Sidonie et Wahiba, pas peu fières.

Sidonie, collégienne
« J’avais très envie de revivre 1.2.3 albums avant de quitter le collège. Passionnée de romans historiques, l’histoire de Christine de Pizan m’a plu. En plus, le 8 mars, c’est le jour de mon anniversaire. J’avoue que lire devant la rectrice a été assez stressant, mais une fois qu’on est lancé, tout va bien ! »

Wahiba, collégienne
« Je ne suis pas une grande lectrice. C’était tout nouveau pour moi de lire devant une classe et finalement je me suis sentie très à l’aise. J’avais peur aussi que les élèves bavardent et rigolent. Pas du tout ! J’ai l’impression que notre histoire les a transportés. »

Aurore, stagiaire documentaliste
« C’est une expérience nouvelle et formatrice. Il m’a fallu de l’entraînement pour maîtriser cette activité : poser ma voix, m’imposer et capter l’attention des élèves. Le faire en continue de 8h30 à 16h30 est devenu lassant et a sans doute diminué  mon entrain. Néanmoins, je reste persuadée que cette parenthèse de lecture aura été bénéfique pour tous.  »

Conclusion : stress et émotion pour les lectrices, bonne écoute et belle découverte pour les élèves et les profs.